Le cinéma européen dans la tourmente

 

Regardons la réalité en face. La carte cinématographique du monde ressemble de plus en plus à la carte d’une armée qui bat en retraite. Des territoires entiers de vie du cinéma sont conquis par la puissance américaine. Le Brésil, pays phare du « cinema novo »(1) , n’a produit que deux films nationaux l’an dernier. Dans les pays d’Europe de l’Est la situation est catastrophique. Essayez de voir un film hongrois à Budapest ou un film polonais à Varsovie ! Mission impossible. Dans ces pays, le cinéma national est en voie de disparition totale.

 

Pourquoi ce cataclysme ? Il a été provoqué par le raz-de-marée organisé par la puissante et brillante industrie du cinéma américain, mais aussi par l’étreinte mortelle des télévisions qui se nourrissent avec voracité de films mais qui, par une sorte de cannibalisme, tuent le cinéma, en vidant les salles.

 

Mais la principale cause du déclin, il faut la chercher en nous-mêmes, Européens. Les pouvoirs et les opinions publics assistent à ce désastre avec indifférence. Il manque, et c’est l’essentiel, le désir et la volonté de se battre.

 

Dans cette bataille de la reconquête, il faut s’armer de deux convictions. Premièrement : le cinéma est un art national par lequel s’expriment l’histoire et l’imaginaire d’un pays. Deuxièmement : le cinéma est un art. Cette idée n’est malheureusement pas partagée par nos voisins européens. Il faut le répéter haut et fort : le cinéma n’est pas une marchandise comme les autres. Lors de mes négociations avec les instances européennes, j’ai eu les plus grandes difficultés à les en convaincre. Elles voulaient supprimer les aides nationales au cinéma au nom de la libre concurrence.

 

Mais le mal est aussi intérieur. On diffuse beaucoup trop de films à la télévision. Rien ne remplace le grand écran et la magie d’une communion collective. De plus, la pression de certains programmateurs de chaîne, l’invasion des coupures publicitaires, les excès de la colorisation font que bien des films sont purement et simplement mutilés. Souvent, le droit moral de l’auteur est bafoué. Les metteurs en scène américains comme Martin Scorsese, Sydney Pollack, Spielberg nous rejoignent dans cette bataille.

 

Jack Lang, Le Nouvel Observateur, n° 1507, septembre 1993

 

(1)  « Cinema novo » : mouvement cinématographique brésilien des années 60 mettant en scène le petit peuple misérable et dénonçant les injustices sociales.

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