Synthèse des conseils… et ultimes
conseils !
La synthèse n'est pas :
-
une dissertation personnelle, appuyée sur des documents, et qui s'y réfère
de temps en temps : c'est une synthèse
des documents eux-mêmes et d'eux seuls ; -
un collage de citations, aussi pertinentes soient-elles. Les citations
doivent être l'exception (l'idéal est de ne pas y recourir du tout). Il
s'agit d'une reformulation synthétique (plus courte donc que le
dossier de départ) du contenu et des enjeux du dossier ; -
une suite de résumés ou d'analyses des documents, mais une confrontation ordonnée des documents entre eux.
La
synthèse rend donc compte de toutes
les idées principales de tous les documents, et non de quelques idées
(une ou deux par document) glanées au fil de leur lecture.
Avant de vous être soumise, la synthèse a été construite (par un
professeur, dans votre cas). Pour la bâtir, il a choisi un
thème, généralement banal (le parfum, la drogue, les jeux de
hasard, la place de la femme dans la société, etc. : la liste n'a pas de
limites et il n'est pas nécessaire que vous soyez particulièrement «sensibilisé»
au thème en question pour la traiter, ni que vous y ayez déjà réfléchi).
Ce thème aurait pu être envisagé sous de multiples angles, pour aboutir
à poser des problèmes fort différents. Il
a choisi un angle, un axe. Exemple : à propos de la drogue, on peut
vouloir insister sur le problème économique, ou sur le problème de santé
publique, ou sur les comportements toxicomaniaques en général. On peut
aussi, comme le faisait le dossier traité cette année, choisir de mettre
en évidence et de faire réfléchir sur les difficultés de la lutte
contre la toxicomanie. En fonction
de ce choix, celui qui a construit le dossier a sélectionné des textes,
des documents divers qui permettent, par leur confrontation, de faire
jaillir le problème, l'angle choisi pour traiter ce thème.
Il s'agit donc de procéder à l'inverse : en partant des documents, il faut dégager l'angle choisi par celui qui a construit le dossier, ce que l'on peut appeler la problématique choisie.
La lecture du sujet, qui précède les documents, vous donne des
indications précieuses : celui qui a construit le dossier y «avoue»
le thème et l'axe qu'il a choisis ! La lecture très attentive de ce
sujet est donc essentielle.
Dernière
remarque préalable : celui qui a choisi les documents n'a pas puisé au
hasard dans un grand sac. S'il a choisi un texte du XVIIIe siècle, ou
s'il a préféré un extrait de roman ou un poème, c'est probablement
parce que la dimension historique apporte quelque chose, ou parce que la
littérature use de moyens spécifiques pour dire quelque chose (choix du
vocabulaire, versification, conjugaisons, comme autant de moyens de
transmettre une vision ou une émotion). Il
faut donc être sensible à tous les détails : un journaliste ne fait
pas la même démarche que le scientifique qu'est le sociologue, ou que
l'artiste qu'est le romancier. Il
est donc intéressant (et nécessaire dans l'introduction) de
caractériser chaque document. Les sources sont données à cette fin,
ainsi que le nom de l'auteur et la date de publication. Votre culture
personnelle et votre intuition sont mobilisées. On
se sert donc de tous ces éléments.
Le plan
C'est
le grand motif d'angoisse du synthétiseur amateur. Il n'y a pourtant rien
de bien mystérieux, et aucune recette, aucun philtre magique ne permet
d'en trouver un.
Un plan, c'est une démarche pour atteindre un but
Il ne peut y avoir de plan si on ne sait pas où l'on veut aboutir (à quoi servirait une carte d'État-major pour celui qui ne sait ni d'où il part ni où il veut arriver ?)
Dans
une synthèse, le but, c'est de faire
apparaître nettement à la fin du devoir l'enjeu principal du dossier, ce
que celui-ci révèle de particulier sur le thème choisi.
Le
but sera pleinement révélé dans la conclusion du
devoir (pas dans la conclusion personnelle). Tout
le devoir va tendre à l'atteindre. On va pouvoir alors choisir le parcours
: d'où partir, par quelles étapes cheminer, pour atteindre le but : la Révélation
! Au fur et à mesure de la progression, on va pouvoir mesurer en quoi on
a avancé vers le but final (c'est le rôle des transitions
entre les parties qui, en deux ou trois lignes, font le bilan du chemin
parcouru, le bilan d'étape, et annoncent l'étape suivante).
Le
plan n'est donc pas défini d'avance : il dépend de ce que l'on veut
faire apparaître nettement en fin de parcours quant au contenu du
dossier. On peut parfois emprunter des parcours déjà fléchés, des
plans-types, que l'on pose sur le dossier et qui lui conviennent bien.
Mais il ne faut pas en préjuger : chaque dossier tend à faire apparaître
un but ; chaque parcours est singulier ; chaque dossier appelle donc un
plan qui lui est adapté.
Cela ne signifie pas qu'il n'y ait qu'un seul plan qui convienne à un dossier : on peut, dans un même dossier, en respectant parfaitement l'angle choisi par son auteur, discerner plusieurs buts possibles. Le plan sera choisi en fonction du but que vous avez choisi.
On
jugera votre devoir : -
selon la pertinence de votre
lecture du dossier et du choix du problème que vous y avez distingué
(le but que vous avez décidé d'atteindre) ; -
selon la clarté de la démarche
(le plan) que vous avez eue pour y mener votre lecteur ; le
tout en respectant la règle d'or : votre
seul matériau, ce sont les documents qui vous sont soumis, dont il s'agit
d'extraire et d'ordonner les éléments selon le plan décidé.
Quelle démarche ?
1-
Lire attentivement le sujet et déceler le thème et l'angle choisi par le
constructeur du dossier. Toute la suite des opérations se déroulera avec
ces éléments en tête. 2-
Lire toutes les indications périphériques aux documents proposés :
auteurs, sources d'où ces documents ont été extraits (nature de ces
sources), dates de parution. 3-
Lire une première fois tous les documents, en se demandant quel est le
problème, l'angle, l'enjeu de ce dossier : pourquoi l'auteur du dossier
a-t-il choisi ces documents-là plutôt que d'autres qui traitent du même
thème ? Quel problème, quelle approche du thème a-t-il voulu faire
apparaître ? On a ainsi une première
idée du but final. 4-
Lecture minutieuse de tous les documents : la démarche suivie par son
auteur, les idées essentielles, les nuances, les contradictions éventuelles,
les procédés de style quand il s'agit d'extraits d'œuvres littéraires,
la thèse. Noter tout cela sur le
recto d'une feuille de brouillon. S'il
s'agit d'un document iconographique (dessin ou photo), lecture aussi
minutieuse, dont on tire exactement les mêmes éléments, sans oublier
que ces documents utilisent des techniques d'expression spécifiques qu'il
s'agit de remarquer. S'il s'agit d'un tableau statistique ou de données
chiffrées, étude fine de tous les enseignements qu'il peut contenir. A la fin de cette étude de chaque document,
on peut commencer à reconsidérer le but que l'on avait cru discerner
d'abord (point 3). On
a maintenant devant soi autant de rectos de feuilles de brouillon qu'il y
a de documents dans le dossier. 5-
Les feuilles de brouillon étalées devant soi, on peut noter sur une
dernière feuille de brouillon les correspondances entre les idées, les
données contenues dans les documents : lesquelles se rejoignent ?
Lesquelles s'opposent ou se répondent ? 6-
On a maintenant les moyens de confirmer le but final : vers quelle
conclusion va tendre mon travail ? Quel est l'enjeu principal de ce
dossier (et non de ce thème) ? Est-il historique ? Polémique ?
Simplement descriptif ? Écrire en quelques mots ce but, qui sera la conclusion du dossier. 7-
On peut maintenant tracer le trajet, le plan : de quel point partir ? Par
quelles étapes passer ? Ce seront autant de parties du devoir. Les installer sur une feuille de brouillon. Quelles
idées tirées des documents vont nourrir chaque partie ? Dans quel ordre
les présenter pour ménager la progression (et ne pas lasser le lecteur :
il vaut donc mieux aller du moins au plus important) ? 8-
Le but étant désormais clair (on l'a choisi, on s'y tient dorénavant),
on peut rédiger au brouillon une introduction (voir plus loin) et une
conclusion (idem). Il faut essayer d'en soigner la rédaction : c'est la
première et la dernière choses que le lecteur rencontrera : il faut l'«accrocher»
et lui permettre de terminer sur une bonne impression. 9-
On peut maintenant recopier l'introduction au propre, puis rédiger directement
(on n'a pas le temps d'en faire un brouillon) en suivant le plan détaillé
et en vérifiant au fur et à mesure sur lui que l'on n'oublie aucune idée
essentielle, et que l'on attribue bien chaque idée à son auteur (voir le
problème des références ci-dessous). On recopie enfin la conclusion.
Veiller à faire apparaître le plan en passant deux ou trois lignes
blanches entre chaque partie, et à ménager des transitions rédigées
entre chacune : bilan d'étape, le chemin parcouru, la prochaine étape.
En aucun cas on ne met de sous-titres. 10-
Reste à relire, à corriger (proprement) les fautes.
Quelques exigences
L'introduction
Le lecteur ne sait pas de quoi vous allez
lui parler ; il ne connaît pas les documents que vous allez synthétiser.
Il faut donc le lui dire, le plus brièvement, le plus complètement
possible.
L'introduction
contient donc obligatoirement : -
le thème traité et l'angle choisi (le but que vous avez discerné) -
le titre, la source, l'auteur et la date, ainsi que la nature de chaque
document (son caractère) -
la démarche (le plan) que vous allez suivre.
La conclusion
Elle
se fait en deux temps : 1-
on conclut d'abord le dossier :
nous sommes parvenus au but fixé et présenté en introduction. Il est
temps de le réaffirmer et de le clore. 2-
On peut maintenant se laisser aller
à donner son avis. Jusque-là, on ne s'est servi que des idées des
auteurs des documents, et de celles-ci seulement, sans jamais intervenir
ni porter de jugement. C'est la conclusion personnelle, dont le sujet nous
a parfois précisé sur quel aspect elle devait porter (pas toujours,
toutefois).
Dispensez-vous
des «fausses conclusions», ternes et «bateaux». Vous avez tout intérêt
à finir sur une note haute : c'est celle qui s'imprime en dernier lieu
sur la rétine du correcteur et qui frappe son esprit fatigué…
Les références aux documents
Chaque
idée rapportée doit être rendue à son auteur. Cela peut se faire
de bien des manières : en donnant la source, ou l'auteur, ou le titre de
l'ouvrage. Éviter absolument les références sèches : «Cf. doc. 1».
Il faut rédiger ces renvois : «Comme le dit…», «Selon…», etc.
Aucune
idée ne vous appartient. Elle doit donc être accompagnée de son auteur
: il en a seul la responsabilité ! (Heureusement, parfois !)
Exhaustivité
Toutes
les idées principales doivent figurer dans le devoir : il est
impossible qu'on ne cite qu'une seule fois un document dans une synthèse
: le moindre document contient assez d'aspects pour figurer à chaque étape
de la démarche. On doit tendre à ce que chaque document soit référé
au moins une fois dans chaque partie, parfois pour signaler qu'il est muet
sur ce point. On procède, rappelons-le, à une confrontation d'idées, et
non à un inventaire.
Plan
Il
doit apparaître (voir plus haut) mais sans
avoir recours aux intertitres : seuls des blancs suffisamment généreux
(deux ou trois lignes) signalent que l'on a changé de partie, que l'on
est maintenant à l'étape suivante.
Quelques remarques formelles mais
importantes
-
Les titres d'ouvrages (livre,
revue, etc.) sont soulignés, et eux seuls. -
Les titres d'articles ou de
documents (parfois ajoutés par celui qui a construit le dossier) sont
entre guillemets, et eux seuls. -
Une ligne ne saurait commencer par une virgule, par un point, ou par un
mot dont l'article élidé (l') ou le pronom relatif élidé (qu') est
resté accroché bêtement à la ligne précédente. Un mot trop long est
coupé par un tiret et entre deux syllabes, et on ne peut avoir à une
ligne «ass-» et à la ligne suivante «ureur». On doit couper entre
deux consonnes redoublées : «As-sureur». -
L'écriture, l'orthographe, la syntaxe comptent : pensez au confort de lecture du pauvre correcteur qui doit distinguer
votre copie dans un paquet interminable ! |