Le Résumé et le développement composé (discussion)

 

Au contraire de la synthèse, cet exercice est multiple et exige donc une stricte gestion du temps : il faut donc d'emblée s'imposer de découper les 4 heures en deux temps égaux, et s'y tenir absolument. Nous y reviendrons.

 

Mais il faut s'entendre tout d'abord sur la nature et les exigences de la première partie de cet exercice :

 

I- Le résumé.

 

D'abord, il ne s'agit pas d'un travail substantiellement différent de celui de la synthèse. Les exigences intellectuelles sont les mêmes, et les qualités que l'examinateur cherche à détecter chez un candidat sont essentiellement identiques :

- il s'agit d'une action de communication

- on veut vérifier que vous savez écouter (= lire) autrui, que vous êtes capable de comprendre ce qu'il dit et de le reformuler selon des contraintes de longueur de texte

- on attend de vous que vous maîtrisiez suffisamment la langue française, ses «niveaux», pour choisir parmi plusieurs formules celles qui permettent d'économiser des mots tout en donnant le plus de sens possible.

C'est donc un exercice qui rappelle à bien des égards celui de la traduction, de la version.

 

C'est dire que le résumé n'est pas une simple réduction proportionnelle et mécanique d'un texte : il procède d'une analyse de ce texte, de la capacité à en repérer les enjeux, la démarche, les articulations de la pensée, le ton, l'esprit général.

 

En effet, un texte (surtout argumentatif) est un ensemble dont on ne peut négliger aucun aspect :

- c'est un tissu d'idées, d'intentions (conscientes ou non), de procédés destinés à les «faire passer» ;

- il possède un sens global apparent, que l'on discerne en général facilement à la première lecture,

- mais aussi des sens secondaires, moins directement perceptibles, mais qui peuvent altérer, modifier, infléchir le sens global ;

- l'ensemble est articulé, parfois nettement grâce aux mots de liaison, parfois plus subtilement : la démonstration que l'auteur a entreprise part d'un point de départ, pour aboutir à un point d'arrivée, en passant par des étapes qu'il faut identifier.

 

L'analyse est donc une destruction, une déconstruction : il s'agit, là aussi, de refaire à l'envers le chemin parcouru par l'auteur, de démonter cet ensemble qu'est le texte achevé pour pouvoir le reconstruire en le respectant scrupuleusement (sens global et sens secondaires, ton, intentions, etc.), mais en se pliant à la contrainte du nombre de mots demandé.

 

La démarche

 

1- Lire attentivement le texte et ce qui l'entoure : nom de l'auteur (cela peut vous inspirer, parce que vous connaissez ses options, ses thèses habituelles, ses préoccupations, mais la plupart du temps, vous ne le connaissez pas !), source (journal, magazine, ouvrage critique, etc.), date de parution (le contexte historique peut aider à comprendre une thèse).

Cette première étape peut permettre de dégager l'idée globale : de quoi s'agit-il (thème) ? Que veut dire l'auteur (thèse principale, apparente) ? Quel est le ton (démonstratif, ironique, polémique, pamphlétaire, ou celui d'une réflexion en train de se construire) ?

Notez toutes ces premières observations sur votre brouillon.

2- Se reporter tout de suite aux explications de vocabulaire demandées : elles portent souvent sur des expressions essentielles, qui jouent un rôle important dans la thèse de l'auteur.

3- Se reporter également tout de suite au sujet qui vous est proposé pour le développement composé (la discussion) : il est la plupart du temps articulé autour d'une citation du texte qui y joue un rôle fondamental.

4- Nous avons désormais une idée du sens global du texte. Il faut maintenant le lire de manière plus analytique : quelle est la démarche de la démonstration ou de l'argumentation ? Quel est le point de départ ? Quel est le point d'arrivée ? Quelles sont les étapes ? Comment s'articulent-elles l'une à l'autre (par des mots de liaison repérables, ou par une démarche rhétorique, faite d'oppositions, de réserves, d'accumulations, etc.).

Noter au fur et à mesure chaque étape, de manière à aboutir à un squelette de texte.

5- Peut-on discerner des significations cachées, des sens secondaires ? Sont-ils contradictoires au sens principal, global ? Apportent-ils des nuances ?

6- Notre connaissance du texte est désormais fine : on a compris le sens global, on a identifié le ton (attention à l'ironie, à l'humour, au second degré, qui, s'ils ne sont pas repérés, peuvent mener à un contresens), on a remarqué des idées secondaires qu'il ne faudra pas oublier de restituer, on a isolé ce qui est simple illustrations (exemples, digressions destinées à mieux faire comprendre une thèse) et on peut décider s'il est important de les conserver ou s'il faut les éliminer. On a surtout suivi le parcours de l'argumentation, la démarche, le mouvement de la pensée. Tout cela est écrit au brouillon sous forme schématique. On peut maintenant écarter le texte initial, pour ne pas être tenté de rester prisonnier des expressions de l'auteur.

7- Reste à reformuler ce schéma, en veillant à en respecter toutes les caractéristiques.

8- On obtient une première version qu'il faut calibrer (combien de mots ? voir plus loin), et que l'on va pouvoir améliorer avant de recopier l'ensemble : n'est-il pas possible de dire la même chose de manière plus dense, plus brève ou plus élégante ?

9- On peut maintenant recopier le résumé, et soigner orthographe et syntaxe, vérifier une dernière fois le compte des mots.

 

Les exigences

 

Qu'est-ce qu'un mot ? Rien de compliqué = on s'en tient à la définition grammaticale. Un article, même élidé (l') compte pour un mot ; un pronom (ou une conjonction de subordination), même élidé(e) (qu'), également, etc. «C'est-à-dire» compte donc pour QUATRE mots = c, est, à dire.

 

L'énonciation : c'est l'auteur qui écrit le résumé. Imaginons qu'il a apporté un texte (le premier, celui qui était à résumer) à son éditeur ou à son rédacteur en chef. Celui-ci lui a demandé de lui en donner une version plus courte, qui doit tenir en 200 mots, parce qu'il n'y a plus de place dans le journal. Mais c'est bien lui qui rédige cette seconde version. Et s'il disait «Je» dans la première version, il est probable qu'il va conserver cette forme dans la seconde.

Vous devez donc vous mettre dans sa peau ! Et comprendre qu'il y a peu de chances qu'il ne dise pas la même chose dans les deux cas, mais que les nouvelles contraintes lui imposent de supprimer tout ce qui était illustrations, exemples, coquetteries, procédés rhétoriques.

 

Le résultat : il est d'une fidélité parfaite au texte initial, mais il est généralement plus abstrait, plus sec que l'original : l'auteur, pour se résumer, a dû sauver l'essentiel.

 

Aucun jugement, aucune intervention ne vous est autorisé. Un résumé ne peut pas commencer (ni inclure à un moment ou à un autre) par une formule comme «l'auteur nous dit que» : ce serait absurde, puisque c'est l'auteur qui est en train de résumer par votre entremise !

 

II- Le vocabulaire

 

Les expressions que l'on vous demande d'expliquer sont souvent importantes pour le sens global ou pour un sens secondaire du texte à résumer. N'hésitez pas à les lire et à y réfléchir avant de commencer à travailler pour le résumé.

 

Il faut toujours expliquer l'expression d'abord dans son sens premier (dénoté = le sens qui figure dans le dictionnaire), puis dans le sens qu'elle prend dans le texte. C'est souvent parce qu'il y a un écart entre ces deux sens que cette expression a un intérêt : l'auteur a souvent joué sur le sens habituel, il l'a utilisée dans une acception différente pour faire passer une intention précise. C'est cette intention, cet écart, qu'il faut expliciter.

 

Ces deux premiers exercices (résumé et vocabulaire) doivent tenir dans les deux premières heures.

 

 

III- Le développement composé (discussion)

 

Il ne s'agit pas d'une question sur le texte que vous venez de résumer, mais d'une véritable petite dissertation, dont l'ampleur est seulement limitée par les deux heures qui vous restent pour la composer.

Après avoir vérifié que vous êtes capable de comprendre la pensée d'autrui, on veut s'assurer que vous êtes capable :

- de lire un sujet

- de comprendre l'enjeu de ce sujet, sur quoi porte exactement ce qui mérite d'être discuté

- de mettre en place à votre tour une démarche argumentative, de mener à bien une réflexion ordonnée

- de discuter une pensée, de manière ferme, personnelle, respectueuse de la pensée de l'autre, équilibrée, argumentée, illustrée d'exemples permettant à votre interlocuteur et correcteur de vous suivre et, pourquoi pas, d'adhérer à votre point de vue.

 

Il s'agit donc de comprendre ce que dit l'autre, puis de tenter d'emporter la conviction du lecteur vers votre propre point de vue.

 

C'est une dissertation…

 

Elle comporte donc

- une introduction, qui présente le sujet (souvenez-vous de la «règle du jeu» : le lecteur, le correcteur, ne sait pas de quoi il s'agit, n'a jamais lu le texte que vous venez de résumer, n'en connaît pas l'auteur), identifie exactement le point sur lequel porte la discussion, énonce un plan, c'est-à-dire annonce une démarche, sans en dévoiler nécessairement le point d'arrivée (suspense…)

- un développement organisé en deux ou trois parties bien séparées mais articulées entre elles, qui sont autant d'étapes dans votre démarche

- une conclusion qui dise nettement et fermement votre bilan au terme de cette réflexion, et ouvre sur d'autres aspects du problème.

 

 

Il ne s'agit pas d'un commentaire ni d'une paraphrase du texte que vous venez de résumer, mais d'une production personnelle. Les exemples qui illustreront votre propos ne sont donc pas ceux dont l'auteur s'est servi.

 

Evitez comme la peste les fausses introductions («De tout temps, les hommes ont…») et les fausses conclusions, qui n'ouvrent sur rien : «Une question restera éternellement posée…».

Songez que l'on cherche à savoir si vous disposez d'une certaine culture générale, nourrie par des années d'enseignement secondaire et par deux années de BTS, culture essentiellement dispensée par des professeurs de Lettres et de Philosophie, qui, comme par hasard, sont aussi ceux qui vont corriger votre travail : efforcez-vous de vous situer, dans votre argumentation et dans les exemples que vous choisirez, dans l'univers qui est le leur. Evitez des allusions aux domaines dans lesquels vous êtes devenus des spécialistes mais auxquels ils ne connaissent rien, mais multipliez les références littéraires (on peut - et lorsqu'on «tombe» sur moi, c'est vivement conseillé - savoir qu'il existe quelques auteurs au-delà de Stephen King) ou cinématographiques (et on peut alors aller plus loin que Terminator…). Les références à l'actualité sont les bienvenues, pourvu que l'on veuille bien aller plus loin que les rubriques des «chiens écrasés» et nous épargner les «brèves de comptoir».

Reste qu'il faut illustrer vos propos et ne pas vous en tenir à l'expression sèche d'opinions abstraites, désincarnées. Le sujet le demande très souvent explicitement.

 

Conseil pratique

 

Vous avez deux heures, c'est-à-dire bien assez pour produire trois pages de bonne qualité. Il vous faut environ une demie heure, 3/4 d'heure, pour les rédiger. Vous avez donc une heure pour réaliser au brouillon une préparation, une réflexion préalable. Prenez le temps de réfléchir au sujet, de discerner l'enjeu réel de ce sujet, le point sur lequel porte la discussion. Ne rédigez pas au brouillon, mais efforcez-vous de parvenir à un plan très précis de votre démarche, à une liste des exemples que vous développerez. Ne rédigez au brouillon que l'introduction et la conclusion, première et dernière impressions que le lecteur aura de vous.

 

 

Bon courage.