Analyse filmique

Séquence proposée par André Roux (*)

Pourquoi analyser un film ?

Cette question semble en effet pertinente ! A quoi bon comprendre un film, il suffit de le voir ou de le revoir…et pourquoi pas de le sentir. ( à condition de ne pas avoir le nez bouché !)

Le cinéma n'est-il pas un plaisir, un spectacle, voire un loisir ?

Une seule réponse à mon avis : Analyser un film c'est en connaître les règles pour mieux y prendre du plaisir ! Dit autrement, ne plus être un spectateur passif, mais un spectateur actif qui raisonne sur ce qu'on lui montre ! Dit encore autrement…être libre !

Quelle analyse ?

Nous ne pourrons pas, au niveau d'une classe de terminale Bac Pro, aller très loin dans les outils d'analyse. Cependant, on peut citer quelques pistes de réflexion, en approfondir une et expliciter quelques termes techniques. C'est là l'enjeu de ce document.

• Tout comme pour l'analyse littéraire, on peut s'intéresser dans l'analyse filmique, à différentes entrées :

• La narration et le récit ;

• L'énonciation ;

• Les différentes focalisations

• La musique…etc.

Ce qui est important c'est de savoir que l'analyse peut découler de trois positions :

• Le sens vient de l'auteur, de son projet, de son intention…

• Le sens vient du contenu même du film, de sa cohérence de ce qu'il montre.

• Le sens vient du spectateur, c'est lui qui analyse en fonction de son propre système de compréhension, de ses valeurs de son affectivité.

La vérité, si vérité il y a, réside dans la pluralité des interprétations, à condition comme je le disais plus haut, de ne pas avoir "le nez bouché", c'est à dire être capable de dépasser l' a priori et de justifier son analyse.

Approfondissons un tant soit peu l'analyse socio-historique à laquelle nous associerons l'approche symbolique et métaphorique. Un film, comme toute œuvre d'art, est toujours inscrit dans un contexte socio-historique donné. Ainsi Indépendance Day ou Mars Attaks ! datent-ils tous les deux de 1996 et ont comme pays d'origine les États-Unis. En ce sens un film ne peut être isolé des autres secteurs de l'économie et de la société qui le produisent. Autrement dit il faut aussi regarder ce qui se passait aux USA, cinq ans après la guerre du Golfe, au moment d'une élection présidentielle, d'une économie qui repartait….une chose est sûre : un film "parle" toujours du présent de son contexte de production. Ainsi et par delà le succès de la série XFILES, les extraterrestres sont porteurs des craintes et des espoirs d'une société, soit gentil, à l'image de E.T., soit au contraire dangereux à l'instar de ceux des deux films visionnés. Dans un film, quelque soit son ambition, la société est mise en scène. En d'autres termes, le film opère des choix et construit entre le monde de la fiction et le monde réel des relations complexes, mais toujours signifiantes. Exemples :

• L'image, idéalisée ou moquée, du couple présidentiel;

• La place des minorités ethniques aux USA

• Etc…

On pourrait bien évidemment multiplier les exemples, l'important pour vous spectateurs, est de ne pas être dupe des images que vous voyez et de la société qu'elles veulent montrer. Ainsi il est clair que le cinéma américain à grand spectacle, donne à voir, à travers l'aventure, la primauté de l'Amérique sur le reste du monde ainsi qu'un point de vue idyllique sur la famille…le tout pétri de "bons sentiments".

C'est la raison pour laquelle l'étude attentive des rôles sociaux présentés dans les deux films me paraît si importante !

Une approche complémentaire me semble pertinente ; celle qui passe par les métaphores et les symboles. On prendra pour cela un autre exemple : Soleil Trompeur de Mikhalkov. Ce film est postérieur à la chute du communisme et date donc d'après 1991. Il va nous conter les dérives du stalinisme dans les années trente. Les premières images sont celles d'un homme qui nettoie les murs à la sortie de ce qui paraît être une bouche de métro à Moscou. Passent des militaires…Tout cela semble réaliste et pourtant j'émets ici  l'hypothèse qu'on est dans la métaphore…reste à découvrir laquelle après visonnement des images. L'image qui suit, une petite fille qui regarde ses  parents danser…est aussi très symbolique, d'autant que la musique n'est pas neutre !

Que retenir de cet exposé ? Que l'art n'est qu'une mise en scène de la réalité, mise en scène sous forme de "discours sur"…Que pour y prendre du plaisir, il faut être "acteur" de ce qu'on voit et pas simple consommateur…sinon le seul enjeu, c'est l'argent que va rapporter tel ou tel film…et plus ce sera simpliste…plus ça rapportera !

Quelques éléments de vocabulaire.

Il ne s'agit pas, là non plus, ne simplement connaître telle ou telle définition…encore que ce soit au programme !

L'important c'est encore et toujours le sens ! Rappelez-vous la vue plongeante Lune terre, du début de I.D. avec la vision du drapeau étoilé…

• Plan : Portion de film impressionné par la caméra entre le début et la fin d'une prise. Le film est donc un assemblage de plans montés les uns à la suite des autres.

• Séquence. Ensemble de plans constituant une unité narrative définie selon l'unité de lieu ou d'action. Lorsqu'une séquence correspond à un seul plan, on parle de "plan-séquence"

• Champ : ce qu'on voit sur l'image.

• Hors champ : ce qui est hors l'image, mais que le spectateur peut imaginer ou entendre.

• Échelle : elle est caractérisée par la place de la caméra par rapport à l'objet filmé. Du plus large au plus serré, cela donne :

  • plan de grand ensemble

  • plan d'ensemble

  • plan de demi ensemble

  • plan moyen ( homme en pied)

  • plan américain ( s'arrête au genou )

  • plan rapproché ( taille ; poitrine )

  • gros plan ( visage)

  • très gros plan ( détail précis…ex. la larme du martien dans M.A. )

  • Plongée, vue de haut en bas , contre plongée c'est le contraire !

  • Panoramique, la caméra pivote autour de son pied.

  • Travelling avant, la caméra en mouvement se rapproche du sujet, travelling arrière, c'est le contraire !

  • Caméra subjective, la caméra adopte le champ de vision d'un personnage.

  • Caméra objective, l'action est vue dans un angle qui correspond au point de vue possible d'un observateur étranger à l'action. Par exemple dans I.D. une partie du début se veut en caméra objective, alors qu'après l'arrivée du personnage joué par Will Smith on passe en caméra subjective.

  • Rythme du film, c'est l'alternance des plans qui lui donne un aspect ralenti ou au contraire accéléré. Là aussi comparaison début / fin de I.D.

• Son off, semble venir "d'ailleurs".