Commentaire proposé par Eddie Saintot

 

Les femmes sont en tête de la manifestation parce qu’elles sont à la recherche de nourriture pour leurs enfants. Comme dans beaucoup de conflits, leur motivation et leur ténacité est plus forte.

Les soldats hésiteront à tirer sur elles.

Le plus-que-parfait marque l’antériorité d’une action passée par rapport à une autre. Celle-ci est terminée, donc les femmes apparaissent brusquement, sans que les bourgeois les aient vues arriver. Parurent ou paraissaient seraient déplacés dans ce contexte.

Ces détails renvoient au champ lexical de l’animalité. Une femme sans chapeau ou foulard au milieu du XIXème siècle s’apparentait à une prostituée ou une »danseuse ».

« femelles lasses d’enfanter des meurt-de-faim » : Les sifflantes accentuent les cris des femmes.

  • Sifflantes : s,ç,ss,f,ph, ci,ce,x,z souffle, respiration, voix, bruit, vent, ironie, persiflage.

  • Nasales : n, m, sons sourds, assourdis.(nez)

  • Gutturales : gu ;ga, q, k,c (gorge), sons forts

  • Dentales : d, t (dents) consonnes dures, rythme saccadé et rapide.

  • Labiales : b,p (lèvres) tonnantes, claque,

  • Liquides : l, r, v,j,w  sons doux, l’eau qui coule, murmure, fluidité.

L’adjectif « petit » renvoie lui aussi au champ lexical de l’animalité. C’est également le niveau de langage des femmes pour désigner des nourrissons.

La gradation évolue vers le drapeau. Le mot annonce le champ lexical de la révolution.

Toutes ces consonnes dures montrent l’agressivité des femmes en fonction de leur âge.

« gorges gonflées de guerrières »

Tous les mineurs manifestent : donc, Zola  montre leur unanimité en citant leur fonction précises dans la mine. (point de vue du narrateur omniscient). La foule paraît d’autant plus importante.

Les passés simples marquent la rapidité, la soudaineté de l’action. Le verbe débouler est un terme de chasse (cynégétique) qui s’utilise pour le gibier.

Le champ lexical de la foule gomme toute individualité aux hommes et les compare encore à des animaux. Une foule est plus forte que les éléments qui la composent.

« tricots de laine en loques » l’alternance des consonnes ressemblent à l’alternance de la peau et du tissu.

Les métonymies réduisent les mineurs à un cri et à un regard (les trous des bouches noires)

Les deux champs lexicaux de l’animalité et de la révolution se mélangent dans la même phrase, car cette révolte de la faim peut se transformer en Révolution. Notons que Zola glisse quelques mots extraits de la Marseillaise comme « mugissement », et « étendard ».

« Une hache passa ». Les sifflantes imitent le son produit par le couperet. Le passé simple souligne la rapidité du mouvement.

Assonances : voyelles fermées o rose, a, pâte, e, eu,

                                    ouvertes o, port, a pattes, eu , bonh(eur)

                                    claires, i, u, ais, ait, è, ê

                                    nasales ou, on, a, in, un

Les assonances attirent l’attention sur les mots car la langue française déteste le hiatus et la cacophonie.

Les bourgeois sont individualisés : le narrateur donne leur nom. Il ne faut pas oublier qu’ils sont cachés derrière une porte de grange et qu’ils se sentent en danger. Ce sont  deux mondes opposés, l’incompréhension reste totale.

Il s’agit plus d’un tableau que de la réalité. Le rouge domine. Nous sommes en présence d’un « vision » de Zola, peut-être une vision prophétique.

Chaque personnage se recule ou s’avance en fonction de son courage ou de sa fascination pour la scène.

« belle horreur » = l’oxymore (féminin), oxymoron (masculin). Une antithèse en deux mots. Elle crée une sorte de raccourci saisissant, un troisième sens poétique.

Le conditionnel présent met en valeur un avenir possible. Zola veut faire peur aux bourgeois sans toutefois envisager cet avenir comme certain.

Le « oui » fait partie du discours du narrateur. Il s’est laissé emporté par son ardeur.

L’accumulation finale produit un effet de réel (le vraisemblable) dans le style un peu démesuré propre à Zola.

Le slogan final revient tout au long du chapitre : il résume à lui seul les raisons du comportement des mineurs. Ils ne veulent pas d’une révolution. Le cri domine d’ailleurs la Marseillaise.

 

 

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