L'état du monde indique désormais dans ses pages et dans ses tableaux statistiques " le niveau de "développement humain" de chaque pays, mesuré par l'indicateur de développement humain (IDH). Ce nouvel indicateur composite est calculé chaque année, depuis 1990, par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

 

Une telle initiative est venue du fait que l'indicateur de développement le plus couramment utilisé, le produit intérieur brut (PIB) par habitant, calculé au taux de change du marché, est, dans de nombreux cas, une très mauvaise mesure du niveau de bien-être atteint. Par exemple, l'Arabie saoudite, avec 7 040 dollars par habitant en 1992, ne comptait pas moins de 35,9% d'analphabètes dans sa population adulte et présentait un taux de mortalité infantile de 31‰. L'île Maurice, dont le PIB par habitant atteint 40% de celui de l'Arabie saoudite, semble néanmoins avoir un développement "humain" plus élevé ; elle ne compte que 14% d'analphabètes et le taux de mortalité infantile y est trois fois moindre (20 ‰).

 

Dans l'idéal, l'indicateur de "développement humain" devrait pouvoir tenir compte de nombreux facteurs.

 

Le PNUD a préféré ne retenir que trois éléments pour construire son indice : le niveau de santé, représenté par l'espérance de vie à la naissance ; le niveau d'instruction, représenté par le taux d'alphabétisation des adultes et le nombre moyen d'années d'études (avec une pondération de deux tiers pour le premier et d'un tiers pour le second) ; et enfin le revenu représenté par le PIB par habitant après une double transformation tenant compte de la différence de pouvoir d'achat existant d'un pays à l'autre et du fait que le revenu n'augmente pas le bien-être d'une manière linéaire (lorsqu'on passe de 1 000 à 2 000 dollars de revenu annuel par habitant, le bien-être augmente beaucoup plus que lorsqu'on passe de 14 000 à 15 000 dollars).

 

Dans un premier temps, chacun de ces facteurs (espérance de vie à la naissance, niveau d'instruction et revenu) est exprimé sur une échelle allant de 0 à 1. Le "0" signifie que le pays concerné est doté du maximum observable concernant la variable en question, tandis que le "1" correspond à la plus faible valeur observable. En matière d'espérance de vie à la naissance, par exemple, la valeur la plus élevée observée est celle du Japon (78,6 années), la plus faible est celle de la Sierra Léone (42 années). Un pays comme le Maroc, avec 62 années d'espérance de vie, aurait, dans l'échelle allant de 0 à 1, un indice 0,45 [(78,6 - 62) : (78,6 - 42) = 0,45] ; le Japon, avec ses 78,6 années d'espérance de vie, aurait un niveau 0 [(78,6 - 78,6) : (78,6 - 42) = 0].

 

Le même calcul est réalisé pour l'indicateur de niveau d'instruction et pour l'indicateur de niveau de revenu. Dans une seconde étape, on effectue la moyenne des trois chiffres ainsi obtenus, que l'on soustrait du chiffre 1. On obtient ainsi l'indice composite de développement humain. On aboutit pour le Japon à un IDH de 0,929 et pour le Maroc de 0,549. Par ce moyen, il est possible d'opérer un classement de tous les pays.

 

Francisco Vergara, L'État du monde, publication annuelle, © La Découverte

 

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