Les mutations scientifiques et techniques depuis 1945
Documents proposés par Arnaud Lopinot (*)
Image du satellite NOAA, Mai 2000, Europe du Sud ouest
Ces images sont obtenues à l'aide de données satellitaires provenant de la flotte mondiale de satellites géostationnaires. Ces satellites sont en orbite autour de la Terre à environ 36 000 kilomètres d'altitude au-dessus de l'équateur. Ils sont répartis plus ou moins régulièrement le long du cercle de latitude zéro (au dessus de l'équateur) et progressent sur leur orbite autour de la Terre à la même vitesse de rotation que cette dernière, ils sont donc géostationnaires. Ainsi, ils observent toujours la même zone dans le temps, ce qui nous permet d'animer des séries d'images et ainsi de suivre plus aisément les systèmes météo.
Pour que le satellite puisse se déplacer sur son orbite à la même vitesse de rotation que la Terre, et de lui-même (en état d'équilibre), ce dernier doit se retrouver à environ 36 000 kilomètres d'altitude au-dessus de l'équateur. C'est la raison pour laquelle ils sont si haut perchés. Il y a cet endroit, équilibre entre les forces de gravité (vers la Terre) et centrifuge (opposée à la force de gravité et due au mouvement circulaire).
« Depuis 1945 plus de 200 produits, sans parler de leurs dérivés, ont été crées pour tuer les insectes, les mauvaises herbes, les rongeurs, tout ce que le jargon moderne appelle des pestes… liquides à pulvériser, poudres, aérosols sont utilisés presque universellement ; ce sont des produits non sélectifs qui tuent aussi bien les « bons » insectes que les « mauvais », qui éteignent le chant des oiseaux, coupent l’élan des poissons dans les rivières, enduisent les feuilles d’une pellicule mortelle et demeurent à l’affût dans le sol…
Nous avons laissé employer ces produits chimiques sans beaucoup rechercher leurs effets sur le sol, l’eau, les animaux sauvages, les plantes et l’homme lui-même. Nous sommes à l’âge du poison… »
Rachel Carlson (biologie américaine), Le printemps silencieux, 1963 , Plon.
Chicago un tailleur vient d’ouvrir une petite boutique où on ne trouve pas un seul complet : simplement des coupons de tissus de couleurs variées…Vous en choisissez un et le tailleur l’introduit dans une mystérieuse machine, avant de presser sur un bouton. Vous, pendant ce temps vous vous tenez debout, bien droit, car la machine vous photographie sous toutes les coutures, c’est le cas de le dire ; grâce à un micro ordinateur, elle mémorise votre morphologie en fonction de différents paramètres et, grâce à un robot intégré, elle découpe au laser le coupon de tissu, à votre mesures. Puis elle colle ensemble les différentes pièces de votre habit et vous livre en deux ou trois minutes le complet de vos rêves. Vous l’essayer, et c’est là qu’intervient le tailleur. Il regarde le résultat, jauge le travail : cette appréciation humaine, qualitative, le coup d’œil, le coup de main, c’est le seul domaine où la machine ne pourra jamais remplacer l’homme. A l’aide d’une craie magnétique, il marque sur le costume les corrections qu’il juge nécessaires et le confie de nouveau au robot. Une minute plus tard, l’habit revient, cette fois tout bâti. Nouvel essayage, nouvelles corrections et le costume est enfin cousu pour de bon dans la machine. Vous ressortez de la boutique avec sous le bras un complet réellement « sur mesure » : toute l’affaire n’a pas pris 10 minutes.
B. Lussato, le défi informatique, Fayard 1981
Entretien avec Evelyne Soullerot (sociologue et très engagée dans le mouvement féministe dès les années 50)
« les travaux ménagers ont en effet été allégés…Juste après la guerre, toute lessive prenait quatre heures, le raccommodage deux heures par jours. En 1947, une mère au foyer de trois enfants avait des semaines de 87 heures en moyenne…Imaginez la révolution que représenta l’arrivée de l’eau courante, de la machine à laver , de l’aspirateur, du chauffe eau , et le réfrigérateur… ! ».
Propos recueillis par Nicolas Domenach, L’histoire, n°192, 1995.
La conquête spatiale : un enjeu de puissance
Le 24 mai 1961, le président John Kennedy annonce le lancement du programme qui vise à l’envoi d’une mission humaine sur la lune avant la fin des années 60. Cette décision entraîne une importante augmentation du budget de la NASA, ainsi qu’un effort technologique et industriel sans précédent. Né du développement des missiles balistiques, un nouveau domaine s’ouvre à l’industrie aéronautique américaine : l’espace. Ce secteur est stimulé par la compétition que se livrent les États–Unis et l'Union Soviétique. Cette course à l’espace concerne essentiellement la conquête de la lune et l’équipement en missiles stratégiques ; elle entraîne le développement d’un secteur industriel de très haute technologie. Le chiffre d’affaire total des missiles stratégiques atteint le record de 35% de l’ensemble du chiffre d’affaire aérospatial de 1962.
C. Carlier, « l’aéronautique et l’espace aux États-Unis », Historiens et Géographes, n°314
Le samedi 26 Avril 1986, explose le 4e réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl. C’est le plus grave accident nucléaire au monde, et les conséquences sont terribles. La radioactivité provenant des 200 tonnes d’Uranium a été relâchée sur la population. 31 victimes sont mortes à la suite de brûlures dans les semaines qui ont suivi l’explosion. Des millions d’autres ont été irradiées et en subiront les conséquences dans les années à venir. En effet, on sait qu’à faible dose, les émissions radioactives peuvent induire des malformations chez les nourrissons, et augmenter, à terme, la mortalité des foules exposées. Une personne irradiée à beaucoup plus de risques d’avoir un cancer. Les données sont assez imprécises, mais on prévoit quelques milliers à quelques centaines de milliers de morts par cancer dans les années à venir.
A ce jour, les premiers effets se font sentir, mais ils sont inattendus. L’augmentation de leucémies prévue n’a pas été détectée. De plus, les bébés mal formés sont plus nombreux qu’avant, mais aussi dans des régions qui n’ont pas été contaminées. Il est donc difficile de conclure qu’il s’agit de "l’effet Tchernobyl".
Contre toute prévision, seule l’épidémie de cancers de la thyroïde chez les enfants est la conséquence visible de l’accident nucléaire aujourd’hui. Elle serait due à l’émission massive d’iodes radioactifs. Le nombre de cas de cancer chez les jeunes a été multiplié par trente, voire cent dans les régions les plus irradiées... De plus, faute de moyens financiers, les enfants ne peuvent pas tous être bien soignés.
Si on se fonde sur le modèle d’Hiroshima, d’autres cancers devraient se déclarer dans les années à venir. La liste des victimes de Tchernobyl continuera donc de s’allonger au fil du temps.
Suite à un tel accident, on pouvait penser que les autorités ukrainiennes allaient redoubler de prudence. Mais non, la centrale nucléaire de Tchernobyl a été remise en service malgré les recommandations des experts occidentaux. Les trois réacteurs qui ont survécu à la catastrophe ne sont pas conformes aux normes de sécurité, la maintenance laisse à désirer, et les incidents se succèdent...
Pourquoi l’Ukraine persiste-t-elle alors à faire fonctionner cette machine infernale ?
La plus grande révolution de l’histoire de l’humanité.
Du fait, principalement, des avancées des sciences et des techniques, le champ du possible s’élargit aujourd’hui comme jamais dans l’histoire de l’humanité… la physique et la chimie ont « explosé » au XXème siècle. Leur essor a rendu l’énergie abondante et a permis la fabrication d’innombrables produits de synthèse, devenus précieux, voire irremplaçables, dans des domaines aussi divers que la médecine ou les télécommunications. Au XXIème siècle, la biologie et l’informatique continueront à se développer et d’interagir. D’où aussi, d’autre part, la possibilité pour l’humanité d’infléchir ou d’accélérer des évolutions naturelles, et même de créer des pièces génétiques d’une « nature artificielle », surgie de l’imagination et de la volonté.
F. Mayor, Secrétaire Général de l’UNESCO, juillet 1998
De Sophia Antipolis, née près de Nice dans un désert industriel en 1969, au Futuroscope de Poitiers, la France compte 24 technopoles. Ce sont des espaces où les autorités locales s’efforcent de favoriser les échanges recherche-industrie en réunissant les activités de recherche (laboratoire), les activités de formation (universités), les activités de production (entreprises). De la proximité et des contacts, facilités par l’existence de lieux de convivialité, doit naître une « fertilisation croisée » qui fera des technopoles les berceaux de l’industrie du futur. Les technopoles veillent à la qualité de la vie par la création d’un environnement culturel et architectural susceptible d’attirer aussi les hommes. L’avenir dira si elles ont rempli le rôle pour lequel elles ont été créées.
les technopoles dans le monde à la fin des années 80, d’après G. Benko, la géographie des technopoles, Masson, 1991
En attendant les possibilités d’application de ces connaissances nouvelles à la médecine génétique, c’est le diagnostique prénatal qui pourra être considérablement développé. Du même coup là aussi les interrogations fusent : les anomalies du fœtus seront beaucoup plus aisément décelées… faudra t-il alors interrompre la grossesse ? Faudra t-il prévenir l’adulte ou l’enfant de ce qui l’attend ?
Quant à la découverte fondamentale, en 1988, du gène qui détermine le sexe… baptisé TDF (Testis Determining Factor ), on peut penser hélas que des praticiens imaginent l’introduire dans des embryons humains pour choisir le sexe de l’enfant à la demande.
Le dépistage, dés l’enfance ou avant la naissance, de prédisposition à des affections comme le diabète ou le cancer du côlon, permettra au sujet de suivre un traitement préventif, disent les chercheurs. Bravo ! Mais …la démarche inverse est tout aussi possible : celle qui mène à sélectionner génétiquement les individus les plus capables de s’adapter à l’environnement crée par les hommes. Ce qui s’appelle alors l’eugénisme.
Pierre Drowin, l’autre futur, 1989.
Le progrès technique met-il en péril la vie à la surface de la planète ? l’exemple de l’ozone.
L’ozone, corps simple gazeux dont la molécule est formée de trois atomes d’oxygène forme une ceinture dans la haute atmosphère entre 15 et 40 km d’altitude. Présente en quantité infime, l’ozone joue un rôle essentiel en absorbant les rayons ultraviolets en provenance du soleil, rayons particulièrement dangereux pour toutes formes de vie à la surface de la terre. Or, les scientifiques ont remarqué une diminution de la quantité globale d’ozone, diminution plus forte en hiver qu’en été, au-dessus des régions polaires. L’inquiétude est encore plus forte au sujet d’un véritable trou dans la ceinture d’ozone, qui se forme chaque année au-dessus de l’Antarctique depuis 1979 au mois d’octobre (début du printemps austral) pour disparaître ensuite. Les coupables sont identifiés : ce sont les chlorofluorocarbones(CFC) utilisés massivement par l’homme pour la réfrigération ou les aérosols. Les CFC sont d’une très grande stabilité : leurs molécules parviennent intactes après dix ou quinze ans dans la haute atmosphère. Là , elles sont dissociées et certains des éléments libérés cassent les molécules d’ozone. Le danger paraît important au point que la communauté internationale a décidé de limiter puis de diminuer la production des CFC. |
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