Sequence 1

Territoires et nations

Sequence 2
La constitution des

Empires coloniaux

L'entre-deux-guerres
Quatre crises : Berlin, Suez, Cuba et Prague
Le monde après 1989
Sequence 3

Deux  totalitarismes

Sequence 4

Les démocraties

 

Chapitre 1 : La constitution des empires coloniaux


Durée : 3 / 4 heures

Objectifs :  être capable de repérer les germes de la première guerre mondiale à travers la "mêlée coloniale"

                   être capable de définir la notion de "crise"

Définitions :


I Le "fardeau de l'homme blanc"

1- Provinces gagnées contre provinces perdues ?

Doc 1

Pourquoi des colonies ?... La forme première de la colonisation, c'est celle qui offre un asile et du travail au surcroît de population des pays pauvres ou de ceux qui renferment une population exubérante...

Mais, messieurs... la question coloniale, c'est pour les pays voués par la nature même de leur industrie à une grande exportation, comme la nôtre, la question même des débouchés... Au temps où nous sommes et dans la crise* que traversent toutes les industries européennes, la fondation d'une colonie, c'est la formation d'un débouché...

Il y a un second point que je dois aborder : c'est le côté civilisateur de la question. Les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. Je dis qu'il y a pour elles un droit parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures...

Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, en se tenant à l'écart de toutes les combinaisons européennes, en regardant comme un piège, comme une aventure toute expansion vers l'Afrique ou vers l'Orient, vivre de cette sorte, pour une grande nation, croyez-le bien, c'est abdiquer, et dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c'est descendre du premier rang au troisième et au quatrième.

Extraits du discours de Jules Ferry, chambre des députés, 28 juillet 1885

* Jusqu'en 1880 environ, l'Europe traverse une crise économique, que l'on a appelé la "Grande dépression".

2- Des politiques coloniales différentes

Quelle attitude adopter à l'égard des populations colonisées : faut-il "plaquer" une culture sur une autre, parce qu'on l'estime meilleure ? Quelle liberté laisser aux populations ? Doit-on nier les structures déjà existantes ou au contraire s'appuyer sur les structures locales ? Voici 3 politiques différentes :

Doc 2

La France est presque la seule nation qui se soit approchée de la solution du problème de l'administration des races étrangères, elle ne les détruit pas comme ont trop souvent fait les autres peuples ; elle sait mieux que personne se les assimiler. Elle seule, jusqu'à présent, a osé concevoir la métropole et les colonies comme formant une seule patrie et un seul Etat. Français de France et français d'Afrique, des Antilles, de l'Océan Indien, de l'Indochine et, aussi bien ceux des hindous, sénégalais, océaniens, kabyles ou arabes qui ont été élevés à la cité française, tous, sous les lois délibérées en commun, ont les mêmes devoirs et les mêmes lois.

Alfred Rambaud, La France coloniale, 1893

Doc 3

Il y a deux choses dans l'Empire britannique de self government qui sont uniques dans l'histoire des grands ensembles politiques. La première est le règne de la Loi : partout où les décrets royaux sont reçus, ils sont les symboles et les messages non d'une autorité arbitraire, mais de droits partagés par tous les citoyens et que les tribunaux du pays peuvent soutenir et rendre réels. La seconde est la combinaison d'une autonomie locale - absolue, sans entrave, complète - avec la loyauté envers une tête commune, la coopération spontanée et libre pour la défense des intérêts et des buts communs, et, je peux ajouter, une administration commune, que ce soit en Inde ou dans les colonies de la Couronne (...).

Lord Asquith, Discours à la première réunion de la Conférence impériale de Londres, 1911
Doc 4

Faire du protectorat et non de l'administration directe. Au  lieu de dissoudre les anciens cadres dirigeants, s'en servir, gouverner avec le mandarin, partir de ceci, qu'étant, et destinés à ne jamais être ici, qu'une infime minorité, nous ne pouvons prétendre à nous substituer, mais tout au plus à diriger et à controler. Donc ne froisser aucune tradition, ne changer aucune habitude, nous dire qu'il y a, dans toute société, une classe dirigeante, née pour diriger, sans laquelle on ne fait rien, et une classe à gouverner, mettre la classe dirigeante dans nos intérêts (...)

H. Lyautey, Lettre à sa soeur, 16 novembre 1894

Hubert Lyautey, maréchal de France, bâtisseur d'Empire et "grand seigneur baroudeur", selon l'expression de Marc Ferro, est nommé résident général au Maroc peu de temps après la signature du protectorat ( système politique dans lequel l'Etat conserve son organisation intérieure propre mais se trouve placé sous la tutelle d'un autre Etat )

3- Les outrances du colonialisme

Doc 5

Avec la colonisation de territoires outre-mer, la France organise des Expositions coloniales destinées à présenter à la métropole les richesses de son Empire.

Repérez où ont lieu ces expositions

A quoi ces expositions peuvent-elles s'apparenter ?

Affiche annonçant l'"arrivée" des somalis pour une exhibition en 1892

 

Doc 6

(...) Le jaune des Annamites varie du jaune pâle, comme la vieille cire, au jaune brunâtre, couleur de feuille morte (...). Dans les races inférieures, le volume de la matière pensante est moindre que dans les races plus parfaites (...).

Monsieur le président demande des renseignements sur les deux Caraïbes. M. Gabriel de Mortillet dit qu'actuellement, il est impossible d'étudier et de photographier les Caraïbes qui, fatigués par des visites et de nombreux photographes, refusent de se laisser examiner. Lors de la mort du premier Caraïbe, le muséum a demandé la tête ; elle lui a été refusée par la préfecture. Peut-être, cependant, pourra t-on en avoir d'autres : M. Hervé dit qu'il y a un Caraïbe en dissection au Muséum en ce moment.

Compte-rendu de la Société d'Anthropologie de Paris, Avril 1892

4 - Un fardeau "juteux"

Doc 7 : Part de l'Empire dans les importations de la France ( en %)

Articles

1890

1913

1929

1938

Ensemble des matières

premières agricoles

18,7

28,6

37,5

71,2

Vins

16,8

56,7

83,8

96,8

Céréales

10,2

12,1

29,4

80,5

Riz

11,1

85,3

80,1

93,7

Café

0,4

1,9

3,7

42,7

Cacao

3,8

2,2

56,1

88,4

Arachides

17,8

25,1

25

54,4

Doc.8 : Part de l'Empire dans les exportations de la France ( en %)

Articles

1890

1913

1929

1938

Huiles d'arachide

-

5,2

7,9

68,2

Sucres raffinés

12,7

67,6

83,5

98,5

Automobiles

-
-

15,7

33,4

II L'Afrique, théâtre des affrontements européens

1- Une "place au soleil"

Doc 9

Car, pour nous allemands, les colonies sont d'une valeur beaucoup plus grande que ne le supposent de larges couches de notre peuple, et elles seront sans doute d'une importance de plus en plus grande. Par leur acquisition, le Reich allemand est entré en compétition avec d'autres grands empires coloniaux. Il a ainsi repris une mission historique que les peuples de race germanique n'ont jamais oubliée depuis les bouleversements de la migration des peuples. Mieux que toute autre peuple sur cette terre, ils ont prouvé leur puissante force populaire en tant que fondateurs d'Etats et de cités, en tant que porteur d'une grande civilisation intellectuelle et morale, et en tant qu'honnêtes intermédiaires dans le commerce mondial. A présent, les allemands ont retrouvé leur place au soleil, qu'ils n'avaient pas la force de conserver au cours des siècles précédents.

Emil Zimmermann, officier en poste au Cameroun, publie en 1911 " Unsere Kolonien", ( Nos colonies )

  1. au niveau idéologique ( pensée politique )
  2. au niveau des relations entre les Etats européens

2- La constitution des blocs d'alliance

Doc. 10

Il y a en Europe deux grandes forces opposées et irréconciliables, deux grandes nations qui cherchent à étendre leur champ d'action au monde entier. L'Angleterre, avec son long passé historique d'agressions couronnées de succès, avec sa merveilleuse conviction que, en satisfaisant ses propres intérêts, elle répand la lumière parmi les nations plongées dans les ténèbres ; l'Allemagne, qui, avec une volonté moindre, mais peut-être avec une intelligence plus vive, se présente en concurrent sur tous les points du globe.

Au Cap, en Afrique centrale, dans l'Inde et en Orient, dans les îles des mers du Sud et dans le lointain Nord-Ouest, partout où le drapeau a suivi la Bible et où le commerce a suivi le drapeau (...) le commis voyageur allemand est en lutte avec le colporteur anglais.

Article du journal anglais Saturday Review, 11 septembre 1897

Doc.11

L'Entente Cordiale entre la Grande-Bretagne et la France a maintenant dix ans accomplis d'une existence heureuse (...).

A chacune des multiples occasions où la politique allemande au Maroc défia délibérément l'amitié franco-anglaise pour éprouver sa solidité, elle sortit de l'épreuve avec une force accrue. Aujourd'hui, fortifiée par l'accord anglo-russe d'il y a sept ans, elle apparaît comme le garant suprême de la paix en Europe qu'elle a, à plusieurs reprises, sauvée de la rupture et jamais avec une preuve aussi éclatante de sa force que lors de récents conflits et des négociations perilleuses au Proche-Orient

Paru dans le Daily Telegraph, 9 avril 1914

Annexe au doc 11, récit de la visite de Guillaume II à Tanger par le Chancelier Van Bulow : " (...) Ce 31 mars 1905, jour du débarquement à Tanger, le sultan lui avait envoyé des étalons berbères, sous les acclamations des badauds de Maures et de berbères (...)"

 

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