École et société de 1850 à nos jours

 

(Damien Boulonnais)

 

La question scolaire constitue un enjeu de société qui nourrit abondamment le débat politique.

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QUESTIONS :

1 – Quelle est la trilogie fondamentale du système éducatif français ?

2 – Définissez le terme laïcité appliqué à la sphère scolaire.

3 – Donnez un exemple actuel de défense de la laïcité à l’école.

4 – Qui est le personnage sur la photo ? Retrouvez son nom dans l’article. (III B) Recopiez la première phrase des paragraphes 2 et 3. et cliquez sur le lien proposé.

5 – Pourquoi peut-on dire que les lois de 1881 et 1882 sont révolutionnaires ? Quels changements instaurent-elles ?

 

6 – Voici un texte fondateur de  « l’école de Jules Ferry ». Répondez aux questions.

 

Loi du 28 mars 1882

Art.1er. – L’enseignement primaire comprend :

- l’instruction morale et civique ;

-  la lecture et l’écriture ;

- la langue et les éléments de la littérature française

- la géographie, particulièrement celle de la France ;

- l’histoire, particulièrement celle de la France à nos jours ;les éléments de sciences naturelles, physique et mathématiques, leur applications à l’agriculture, à l’hygiène, aux arts industriels […]

 

Art.2 – Les écoles primaires publiques vaqueront un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s’ils le désirent, à leurs enfants l’instruction religieuse en dehors des édifices scolaires.

 

Art.4 – L’instruction primaire est obligatoire pour les enfants des deux sexes de six ans révolus à treize ans révolus ; elle peut être donnée soit dans les établissements d’instruction primaire ou secondaire, soit dans les écoles publiques ou libres […]

 

1- Pourquoi est-il possible d’affirmer que l’enseignement primaire a pour mission la formation du futur citoyen ?

2- Comment la loi garantit-elle la liberté de choix des parents ?

 

Lisez attentivement ce texte et répondez aux questions qui suivent :

 

Extraits de la lettre de Jules Ferry aux instituteurs de France, le 17 novembre 1882.

 

Le ministre de l’Instruction publique écrit aux instituteurs à propos de la loi du 28 mars 1882. Cette loi essentielle pose les bases du système scolaire jusqu’aux années 1950. Elle en fonde les principes.

« Monsieur l’Instituteur,

   L’instruction religieuse appartient aux familles et à l’Eglise, l’instruction morale à l’école. Le législateur n’a donc pas entendu faire une œuvre purement négative. Sans doute, il a eu pour premier objet de séparer l’école de l’Église, d’assurer la liberté de conscience des maîtres et des élèves, de distinguer enfin deux domaines trop longtemps confondus : celui des croyances qui sont communes et indispensables à tous, de l’aveu de tous. Mais il y a autre chose dans la loi du 28 mars : elle affirme chez nous la volonté de fonder une éducation nationale, et de la fonder sur des notions du devoir et du droit que le législateur n’hésite pas à inscrire au nombre des premières vérités que nul ne peut ignorer. […] Il a paru tout naturel que l’instituteur, en même temps qu’il apprend aux enfants à lire et à écrire, leur enseigne aussi ces règles élémentaires de la vie morale qui ne sont pas moins universellement acceptées que celles du langage ou du calcul.

 

Si vous êtes parfois embarrassé pour savoir jusqu’ou il vous est permis d’aller dans votre enseignement moral, voici une règle pratique à laquelle vous pourrez vous tenir. Au moment de proposer aux élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s’il se trouve à votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. Si oui, abstenez-vous de le dire ; sinon, parlez hardiment : car ce que vous allez communiquer à l’enfant, ce n’est pas votre propre sagesse, c’est la sagesse du genre humain, c’est une de ces idées d’ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer dans le patrimoine de l’humanité. […]

Il ne suffit pas que vos élèves aient compris et retenu vos leçons ; il faut surtout que leur caractère s’en ressente : ce n’est pas dans l’école, c’est surtout hors de l’école qu’on pourra juger ce qu’a valu notre enseignement. »

 

7 – Quelles sont, d’après Jules Ferry, les deux nouveautés essentielles contenues dans la loi du 28 mars 1882 ?

8 - Quelle séparation instaure la loi de 1882 sur l’école ?

9 – Quelle est aussi la mission de l’instituteur ?

10 – En quoi les grands principes énoncés par Ferry sont-ils révélateurs des enjeux de la République ?

11 – Expliquez le dernier paragraphe du texte. Peut-on dire que de nos jours il est toujours d’actualité ? Pourquoi ? Justifiez votre réponse par des exemples précis.

 

Chronologie de l’enseignement professionnel et technique

 

De 1815 à 1879. : Le temps des initiatives privées

 

L’État se contente de gérer ses grands établissements, fixe le cadre réglementaire des établissements techniques et favorise la création de ces établissements par des subventions. Date majeure : la loi Guizot du 28 juin 1833 qui, oblige les communes chefs-lieux de départements à ouvrir une école primaire supérieure destinée aux élèves souhaitant s’orienter vers " le commerce et l’industrie ".

1819 : 25 novembre : Création de cours publics et gratuits pour ouvriers au Conservatoire des arts et métiers

1820 : Création de l’École de commerce de Paris

1833 : 28 juin : Loi Guizot et création des écoles primaires supérieures. 

1851 : Création de l’École Pigier à Paris. 22 février : Loi sur le contrat d’apprentissage.

1863-1865 : Commission sur l’enseignement professionnel qui aboutit à la première définition de l’enseignement technique.

 

De 1880 à 1918 : Les premiers jalons de l’enseignement technique

 

L’État privilégie quatre directions : la création de nouveau établissements publics (ouverture des 1ères écoles nationales professionnelles en 1886-1887, création des écoles pratiques de commerce et d’industrie en 1892), la prise en charge progressive de l’enseignement technique par le ministère du Commerce et de l’Industrie entre 1892 et 1900, le développement d’un nouvel enseignement technique supérieur par des instituts techniques annexés aux facultés de sciences et de droit, la loi, enfin, celle de décembre 1880 sur les écoles manuelles d’apprentissage.

1880 : 11 décembre : Loi portant création des écoles manuelles d’apprentissage.

1886 : 28 septembre : Ouverture de la première ENP Écoles nationales professionnelles à Voiron (Isère).

1902 :  Création de l’AFDET (Association française pour le développement de l’enseignement technique).

1911 : 24 oct : Création des comités départementaux de l’enseignement technique. Création du certificat de capacité professionnelle (futur CAP).

1912 : 26 octobre : Création de l’École nationale de l’enseignement technique.

 

De 1919 à 1958 : La construction d’un enseignement technique au sein de l’Éducation nationale

 

Un enseignement technique " indépendant "du commerce et de l’industrie émerge. Il est géré par l’Éducation nationale (1920). Il s’appui sur la loi Astier du 24 juillet 1919. On assiste au développement d’un réseau d’écoles censé répondre aux besoins en main-d’œuvre qualifiée, puis à partir de 1931, au chômage. A partir de 1938, l’enseignement technique subit les contingences de la Défense nationale (création des centres de formation professionnelle accélérée en 1939 et développement de ces centres entre 1940 et 1944). Le régime de Vichy est à l’origine d’une évolution majeure pour l’organisation de l’enseignement technique : en encourageant la création des centres de formation professionnelle, il participe à la création ex nihilo d’un enseignement professionnel distinct de l’enseignement technique. A la Libération, l’enseignement technique est réorganisé entre 1944 et 1949, tandis que l’on assiste à la séparation progressive de l’enseignement " professionnel " et de l’enseignement " technologique ". C’est à la même époque que les relations multiples entre l’enseignement technique et les entreprises s’institutionnaliseront et se normaliseront (création des commissions professionnelles consultatives).

1919 : 24 juillet : Loi Astier : organisation de l’enseignement technique industriel et commercial,.1ère définition de l’enseignement technique : objet :un enseignement général, l’étude théorique et pratique des sciences et des arts ou métiers en vue de l’industrie ou du commerce " 

1922 : 26 septembre : Décret sur l’orientation professionnelle.

1925 : 13 juillet : Création de la taxe d’apprentissage. 16 juillet : Création des chambres de métiers.1926 : 31 mars : Création du Brevet professionnel.

1928 : 20 mars : Loi sur le contrat d’apprentissage.

1939 : 21 septembre : Création des centres de formation professionnelle (futurs centres d’apprentissage)

1941 : 15 août : Réforme Carcopino et transformation des EPCI en collèges techniques.

1942 : 4 août : Monopole de l’État dans l’organisation et la délivrance des titres et diplômes professionnels.

1944 : 18 septembre : Réorganisation de l’enseignement technique.

1947 : 16 janvier : Création des écoles nationales supérieures d’ingénieurs. 19 juin : Remise du plan Langevin-Wallon.

1952 : 19 février : Création du brevet de technicien.

 

De 1959 à 1980 : l’enseignement technique vers la massification

 

L’enseignement technique et professionnel est désormais intégré dans le système éducatif et participe à la " démocratisation " de l’enseignement. Les collèges d’enseignement technique (CET) connaissent une croissance rapide de leurs effectifs mais risquent de se transformer en voie de relégation. L’enseignement technique trouve de nouveaux axes de développement avec l’apparition des IUT et BTS qui accompagnent la forte croissance des professions intermédiaires et le mouvement d’augmentation générale du niveau de qualification de la main d’œuvre. En 1971, une relance de la voie de l’apprentissage est esquissée : c’est le début de la théorisation de l’alternance.

1959 : 6 janvier : intégration de l’enseignement technique dans le système éducatif (prévoit la création des BTS). 10 sept : Création du CAPET.

1960 :. 9 août : Transformation des Centres d’apprentissage en Collèges d’enseignement technique (CET) et des ENP et collèges techniques en Lycées techniques.

1962 : 2 août : Transformation du brevet de technicien en brevet de technicien supérieur (BTS).

1965 : 1er juin : Ouverture des premiers CFPTA des lycées techniques. 10 juin : Création du baccalauréat de technicien.

1966 : 7 janvier : Création des IUT. 3 décembre : création des baccalauréats de technicien (1968) et du BEP (1969)

1970 : 9 février : Création des classes d’adaptation.

1971 : 16 juillet : Quatre lois sur la formation professionnelle, l’apprentissage et les enseignements technologiques (prévoient l’alternance).

1973 : 2 février : Création des GRETA

1975 : 11 juillet : Loi Royer sur l’apprentissage (titre 4 : enseignement et formation professionnelle).

1976 : 28 décembre : Loi Haby.

1978 : 13 juillet : Statut de l’apprentissage.1979 : 3 janvier : Encouragements à l’apprentissage. 16 juillet : Création des séquences éducatives en entreprise dans les LP.

 

De 1980 à 2001 : vers de nouvelles relations écoles-entreprises

 

Comme tout le système éducatif, l’enseignement technique et professionnel connaît une certaine crise (économie, mutations sociales. Dans l’objectif de 80% d’une classe d’âge au niveau bac, de nouveaux diplômes sont créés comme le bac pro en 1985 (volonté de valorisation de cet enseignement). Des relations nouvelles entre l’entreprise et l’école sont mises sur pied : les stages se généralisent dans toutes les filières de l’enseignement technique ; ils sont désormais appréhendés comme de véritables périodes de formation.

1981 : 1er juillet : Création des Zones d’éducation prioritaires (ZEP).

1982 : 26 mars : Ordonnance sur l’insertion sociale des jeunes de 06 à 18 ans. 12 juillet : Lois sur les formations professionnelles alternées.

1984 : Création de classes expérimentales de 4e et 3e dans les LEP.

1985 : 23 décembre : Loi Carraz sur l’enseignement technologique et professionnel avec création du baccalauréat professionnel, transformation des LEP en LP et des lycées techniques en lycées d’enseignement technologique.

1986 : Création des 3e et 4e technologiques.

1987 : 17 juillet : Loi Seguin sur l’apprentissage.

1989 : 10 juillet : Loi d’orientation Jospin.

 

Source :  Ministère de l'éducation nationale - Enseignement professionnel

 

Document 1

Document 2

Document 3

Document 4 : L’école selon l’INSEE

 

L'école a toujours joué dans notre pays un rôle central. Même lorsqu'elle était fréquentée par peu d'enfants, ou peu longtemps, même lorsqu'elle était constituée en filières. A plus forte raison aujourd'hui qu'elle est devenue l'école de masse : instruction obligatoire jusqu'à 13 ans (il y a 120 ans), jusqu'à 16 ans (il y a 40 ans), collège unique (il y 25 ans), lycée de masse (il y a 12 ans), enseignement supérieur de masse, désormais la durée moyenne de scolarisation (y compris préélementaire) est de 19 ans, et le rôle structurant de l'école, sa fonction de creuset pour toute une génération se sont de fait accrus. D'où un intérêt, accru lui aussi, pour les inégalités devant le système scolaire, inégalités de toutes natures, et, en particulier, géographiques, entre garçons et filles, entre classes sociales. Réussir l'école de masse, confier à l'école, jusqu'à l'excès, la plupart des fonctions de formation, d'éducation et de socialisation supposent que les inégalités devant l'école ne soient pas trop grandes.

L'égalité des chances devant l'école est une exigence, ou une ambition assez récente : elle ne date guère que de la Seconde Guerre mondiale, ou même de l'entrée dans la société de consommation, c'est-à-dire du début des années 60. Auparavant, le système scolaire... n'était pas un système [...]. Aujourd'hui, ces deux filières ont fusionné, tous les jeunes vont au collège, deux tiers vont au lycée (ou au lycée professionnel), plus de la moitié entrent dans l'enseignement supérieur. Il y a donc eu "massification" de l'école, c'est-à-dire allongement général des études, ou encore accroissement de la scolarisation pour l'ensemble des jeunes, quel que soit leur milieu d'origine

Source : Les collections de L’Histoire, Mille ans d’école, Hors Série n°6, octobre 1999

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