Il avait une façon inimitable Alphonse de s'avancer vers la rangée des filles en attente au pourtour du bal, assises, les yeux lointains fixant la rangée d'en face pour avoir l'air bien indifférentes. Il s'avançait gracieusement, pas timide, l’œil en coin, le sourire aux lèvres. Il choisissait la plus offrante et se penchait vers elle : – Vous dansez mademoiselle ?... Il prononçait « ma demoiselle » correctement. Elle dansait toujours ! ... Elle se levait du banc et ils se mettaient en position : il lui posait la main droite sur la taille, l'autre tenant sa main à elle, paume contre paume, les bras en l'air, un peu repliés. Tout de suite il entreprenait la causette, il disait qu'il faisait chaud, ou qu' il y avait beaucoup de monde, toujours gaiement! Il montrait aussi du sens artistique, au bout d'un tour ou deux sur la piste il lui confiait : – L'orchestre est épatant, vous ne trouvez pas ? Il aimait les mots « épatant » et « chic », il les détachait légèrement. La fille disait: – Oui... Alors il la serrait d'un peu plus près, puisqu'ils étaient du même avis, il la ramenait contre lui d'une main souple... Au bout de la troisième danse il lui avait demandé de quel village elle était. Toujours hardi Alphonse, toujours galant ! - Ça lui donnait une idée de la distance, et s'il avait une chance de la revoir le soir ; s'il devait pousser son entreprise ou simplement marquer des points pour une autre fois, ailleurs.
Claude Duneton, Le Diable sans porte, Le Seuil (1981)
Vous avez observé précédemment les règles de l’écriture du texte cinématographique. La « voix off » permet de remplacer les apartés, conventions théâtrales impossibles au cinéma par leur manque réalisme.
1) Transformez cet extrait romanesque en texte de cinéma
2) En quelques lignes, rédigez pour vos acteurs un portrait de votre personnage |