Le texte de presse

 

Proposé par Hatem El Hicheri

 

La Une

Étude d'un fait divers

L'interview

 

LA UNE D'UN JOURNAL (La une de votre quotidien favori peut servir de modèle)

 

La une est la première page du journal. Pour la mettre en place, vous aurez à répondre aux questions suivantes :

  • Combien d'articles seront annoncés ?

  • Quels seront leurs sujets ?

  • Où se situera(ont) le(s) plus important(s) ?

  • Quelle sera l'information principale ?

  • Comment sera-t-elle mise en valeur ?

  • Y-aura-t-il une hiérarchie ?

  • Quel est le rôle du chapeau ?

  • Quel est le lien entre le titre et l'illustration (ou la photo) ?

  • Quel est le but de l'illustration ?

  • Y-a-t-il des connotations ?

  • Quelle est la place de l'illustration (ou de la photo) par rapport au texte ?

  • Combien de colonnes de texte y aura-t-il ?

  • Comment seront-elles disposées ?

À l'issue de votre réflexion sur ce questionnaire, vous réaliserez la maquette de cette une de journal. Ç

 

ÉTUDE D'UN FAIT DIVERS

 

Volontiers anecdotique, le fait divers traite des événements de la vie quotidienne. Jouant sur la curiosité du lecteur, il dénonce un moment de crise, un scandale dans la vie de tous les jours. Ses sujets sont majoritairement sanglants, d'où sa présence privilégiée dans la presse populaire et la presse à sensations. Il se caractérise par :

  • un titre et, éventuellement, un chapeau et des intertitres accrocheurs (qui, élaborés après la rédaction de l'article, en reprennent les mots clés) ;

  • un discours essentiellement narratif et descriptif

  • une fonction d'information. Il obéit donc à une règle appelée « la règle des cinq W » : Who ? What ? When ? Where ? Why ?, et éventuellement How ?, sont les cinq (ou six) questions de référence auxquelles doit d'abord répondre un bon article d'information ;

  • une structure narrative fondée sur la répétition : après avoir énoncé l'essentiel de l'événement dans un premier paragraphe, le fait divers le répète en le dramatisant et en y ajoutant des détails d'ordre secondaire jusqu'à épuisement total de son contenu ;

  • l'usage de paragraphes et de phrases courtes (25 mots par phrase au maximum) ;

  • une attaque, c'est-à-dire une première phrase frappante qui retient l'attention du lecteur ;

  • une chute (fin du texte) qui peut élargir le débat ;

  • une absence de conclusion (cela permet au rédacteur de couper les dernières lignes de son article - moins essentielles - s'il est trop long pour la rubrique) ;

  • un commentaire éventuel des faits (subjectivité de l'article) ;

  • éventuellement une photographie d'accompagnement

 

Exemple de fait divers

Analyse sommaire

La chasse au braconnage

 

Lundi, les Affaires maritimes ont déployé des moyens exceptionnels pour l'ouverture de la pêche à la coquille Saint-Jacques. Contrôler que les règles établies par le bureau de la baie de Saint-Brieuc soient bien respectées des professionnels et stopper le braconnage, telles sont les priorités.

 

 

L'information principale occupe le titre et le premier paragraphe.

À bord de la vedette des Affaires maritimes, l'Anne-An-Airé, l'équipage de quatre personnes file dès 9 h dans la baie de Saint-Brieuc. Une heure avant l'ouverture, les contrôles commencent. Déjà les coquilliers s'activent aux préparatifs afin de ne pas perdre une seule seconde des 3/4 d'heure de pêche autorisés.

 

Le deuxième paragraphe amorce la narration.

Première infraction constatée : une plaque d'immatriculation manquante. [...]

Le troisième paragraphe traite des infractions.

En 1997, « un coquillier sur trois a été sanctionné ». Deux d'entre eux ont même fini devant le procureur. « Et nous luttons contre le braconnage qui met à mal la ressource. » Les contrôles et sanctions judiciaires et pénales sont renforcés et concernent aussi les acheteurs. Pas étonnant pour une campagne qui « génère 400 millions de francs directement ou indirectement ».

Ouest France, 12.11.1998

Le dernier paragraphe donne des informations complémentaires, tout en énonçant une justification de l'action des autorités par un recours à la citation.

Ç

 

L'INTERVIEW

 

1) Préparer une interview

 

Si vous devez interviewer quelqu'un, c'est dans un but précis. Vous avez besoin de recueillir de la bouche même de cette personne des informations sur un sujet qu'elle connaît bien.

Choisissez l'interviewé(e) en fonction des informations à recueillir.

Préparez avec soin un questionnaire afin de ne pas lui faire perdre son temps et d'obtenir le plus d'informations possible. Soyez précis dans vos demandes.

Lorsque vous prendrez rendez-vous, présentez-vous et expliquez l'objet de votre demande. Donnez-lui le(s) thèmes) sur le(s)quel(s) vous allez l'interroger et, éventuellement (cela dépend de l'interlocuteur), la liste des questions que vous lui poserez afin qu'elle puisse préparer l'interview et se documenter.

Procurez-vous un magnétophone afin de recueillir ses propos, ainsi que des feuilles pour prendre des notes (en cas de problème avec l'enregistreur !). Vous pouvez également prendre un appareil photo (on privilégiera la photo en noir et blanc, plus facile à photocopier). Attention ! Ne vous servez de ces appareils qu'avec l'autorisation de la personne interviewée!

 

2 ) Réaliser une interview

 

Soyez à l'heure, remerciez la personne de vous accorder du temps.

Posez vos questions lentement et d'une voix claire.

Faites preuve de sang-froid et sachez réagir si vous ne comprenez pas la réponse ou si elle vous semble trop vague, trop abstraite.

De la même manière, sachez reformuler une question, la préciser si l'interviewé ne l'a pas bien comprise. N'oubliez pas que c'est vous qui menez l'interview.

Une fois l'interview terminée, mettez-la en forme. À l'écrit, on utilisera des graphies différentes pour les questions et les réponses.

 

À l'occasion de la sortie du feuilleton télévisé Monte-Cristo, Philippe Barbot, journaliste à Télérama, s'est entretenu avec Gérard Depardieu.

 

TÉLÉRAMA : c'est la première fois que vous travaillez pour la télévision, vous êtes même personnellement à l'origine de ce projet. Est-ce que cela signifie que vous êtes lassé du cinéma ?

GÉRARD DEPARDIEU : Le cinéma, j'en fais, j'en produis, j'en tourne aussi. Mais pour moi, adapter Monte-Cristo pour le grand écran était impossible, même si ça a été souvent fait dans le passé. Je voulais respecter le principe du feuilleton, donc de la durée. Il y a longtemps que j'avais envie de faire de la télévision, je pense que c'est un support de diffusion exceptionnel pour les grands textes de la littérature française. Je suis fasciné par cette possibilité d'entrer ainsi chez les gens, de faire passer du lyrisme (1) dans ce petit cadre si étroit. II y a quinze ans déjà, je devais tourner Monte-Cristo avec Truffaut, pour la télévision américaine, mais ça ne s'est pas fait. Puis le projet devait être réalisé pour France 2, mais Elkabbach est parti... Aujourd'hui, j'ai d'autres envies d'adaptations pour la télé, toujours avec la réalisatrice Josée Dayan : la vie de Balzac, La Misérables, Notre-Dame de Paris ...

TRA : le personnage de Monte-Cristo vous tenait particulièrement à cœur ?

G.D. : Ie roman de Dumas n'est pas seulement l'histoire d'une injustice, d'une vengeance, c'est aussi une parabole (2) sur la solitude. Monte-Cristo est plus complexe qu'il n'y parait, même sil ressemble un peu à un autre héros de Dumas, Joseph Balsamo (3). Il a ce même côté sulfureux (4), un peu diabolique. Ce qui m'a intéressé dans le personnage, c'est la blessure qu'il dissimule en lui. Pour lui, la vengeance est une sorte de rédemption (5).Tuer l'autre ne l'intéresse pas, ce serait se tuer lui-même. C'est comme une chasse à l'ours, on traque l'animal pour se retrouver enfin en face de lui, l'avoir au bout de son fusil. Là, on peut tirer, ou ne pas le faire. Au bout de sa traque, Monte-Cristo choisit de pardonner, et ça, c'est exemplaire, c'est rare. Dans nos sociétés, le pardon est un luxe, alors qu'il devrait être un mode de vie. La vengeance est un sentiment qui ne me traverse pas du tout. Je ne me vois pas espionner mon ennemi pour l'attendre au coin de la rue... Mais c'est un thème universel, qui touche tout le monde. Cc n'est pas pour rien que le film a été acheté par les télés étrangères, même par les Américains.[...]

TRA : Alexandre Dumas. c'est un de vos auteurs favoris ?

G.D. : Vous savez, quand j'étais enfant, je ne lisais pas. J'ai quitté l'école très tôt... La lecture, je l'ai découverte quand j'ai commencé à faire du théâtre, vers 16 ou 17 ans. Alors là, j'ai véritablement dévoré, et pas que Dumas. Finalement, mon inculture a été une chance inouïe, parce que personne ne m'avait rasé la tête avec la littérature ou la poésie. C''est pour ça que je me suis mis à adorer les mots, moi qui avais perdu la parole, qui ne savais pas m'exprimer. J'étais tellement émotif que je me méfiais de ce qui pouvait sortir de moi, alors je préférais dire des mots que j'avais lus ou appris par cœur, et, petit à petit, me constituer mon propre langage.

TRA : Vous regardiez les feuilletons à la télé ?

G.D. : Je n'avais pas la télé, mais j'avais le cinéma. J'allais voir des séries B, les films de cape et d'épée de Bernard Borderie avec Jean Marais et Bourvil, Le Capitan, Le Bossu... Et les comédies. avec Poiret, Serrault, Francis Blanche, Darry Cowl... J'avais une culture de roman-photo. J'adorais les histoires d'amour, le mélo, les mièvreries (6), et, finalement, je n'ai pas changé, j'aime toujours ça... Aller au cinéma pour voir un défilé d'effets spéciaux et de bagarres, ça m'ennuie profondément. Ce que je recherche avant tout. c'est l'émotion. C'est pour ça que j'ai aimé le film Titanic, même si plein de gens l'ont critiqué. Moi, je marche complètement.

 

Interview de Gérard Depardieu par Philippe Barbot, Télérama n° 2537, 26 août 1998

 

1. Lyrisme : ici, émotion née de l'expression de sentiments.

2. Parabole :récit de livres saints sous lequel se cache un enseignement.

3. Joseph Balsamo : héros du roman Dumas du même nom.

4. Sulfureux :qui contient du soufre. Ce mot désigne une atmosphère trouble.

5. Rédemption rachat moral.

6. Mièvreries : actions un peu enfantines et fades. Ç

 

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