30/ CUISINE - INT. JOUR
Franck déboutonne rapidement sa chemise et pose l'oiseau sur la paillasse de l'évier. L'animal est blessé. Il n'arrive pas à se tenir sur ses pattes. Franck se passe de l'eau sur la main et sur le torse. Sa poitrine est couverte d'égratignures.
31/ ATELIER ALICE - INT. JOUR
L'atelier est toujours en désordre. Alice a mis de la musique à plein volume. Sur sa table de travail elle a construit une sculpture à l'aide de ressorts, de fil de fer et de carton. Elle a installé plusieurs lampes autour de la table. En les orientant différemment sur la sculpture elle joue avec l'ombre et la lumière. Projetées sur un grand carton blanc les ombres forment un tableau qui se transforme sans cesse. Soudain Alice s'arrête. Elle pose ses deux coudes sur la table et observe longuement l'image qu'elle vient d'inventer. Son visage s'illumine peu à peu. Elle bouge très légèrement la lampe, et brusquement prend un crayon pour dessiner sur le carton blanc les contours des ombres. Elle a des gestes d'une précision extraordinaire, très rapides. Elle est concentrée, absorbée par son travail... Cherchant à dessiner une forme de l'autre côté de la table, elle se penche trop et bouge la lampe. Tout le tableau a disparu. Elle se fige. Son visage se décompose. D'un geste extrêmement violent, Alice envoie valdinguer toute sa sculpture.
32/ RUE – MAGASIN DE THÉ – EXT. JOUR
Une rue commerçante, très animée. Les voitures et les bus viennent masquer par intermittences la foule qui déambule sur le trottoir. On reconnaît Elsa, immobile au milieu des passants. Elle hésite, puis traverse la rue. Elle pousse la porte d'un magasin de thé.
33/ MAGASIN DE THÉ – INT. JOUR
Le magasin est décoré à l'ancienne. De vieux bocaux alignés sur toute la hauteur d'un mur. Elsa se dirige droit sur une jeune employée. Elle est très belle. Elle n'a pas 20 ans. C'est Betty. Elle pèse du thé sur une balance en cuivre et le répartit en plusieurs petits paquets. Lorsqu'elle lève la tête et aperçoit Elsa, brusquement elle panique.
Betty s'empresse, maladroite... Elsa la regarde faire. Elle détaille sa silhouette enfantine, son petit visage lisse. Elle suit des yeux le moindre de ses mouvements. Betty s'en aperçoit, ce qui augmente sa confusion. Enfin, elle tend une boîte de thé à Elsa qui remarque sa main aux ongles rongés. Betty sent son regard, et retire brusquement sa main.
Betty monte sur un escabeau. Elsa détaille son corps, ses jambes, ses fesses moulées par la jupe... Betty attrape un pot et vient le poser sur le comptoir. Les deux femmes échangent un regard.
Betty a mis les achats d'Elsa dans un sac en papier.
Elsa sort son argent. Elle a la main qui tremble.
Alice et Elsa (A la folie), scénario de Diane Kurys et Antoine Lacomblez, Passion et Productions – Novembre 1993 |