Simon fait de la philosophie politique Dans un article publié dans la presse du Zimbabwe, Jonathan Moyo, docteur en sciences sociales, ministre de l'information du gouvernement Mugabe, estime que tous les enfants du monde devraient étudier le déroulement des élections aux États-Unis, car elles sont manifestement la preuve que la fraude n'est pas un phénomène réservé aux pays en voie de développement.
Pour étayer ce point de vue, il expose, non sans humour, l'argumentation suivante :
- Imaginez que nous lisions un article dans notre journal préféré parlant d'une élection dans un pays du Tiers Monde ou le candidat qui s'est auto proclamé vainqueur était le fils de l'ancien premier ministre qui était lui-même l'ancien chef de la police secrète du pays (CIA).
- Imaginez que ce vainqueur auto proclamé n'ait en fait pas obtenu la majorité des votes de la population, mais qu'il soit quand même l'heureux gagnant des élections selon une règle héritée de l'époque du colonialisme qui prévoit que c'est un collège électoral qui doit designer le président.
- Imaginez que la "victoire" du vainqueur auto proclamé ait été acquise a la suite du dépouillement conteste des bulletins de vote dans un district dirigé par son propre frère !
- Imaginez que dans un district, justement celui ou les électeurs étaient en faveur de l'adversaire du candidat auto proclamé, les bulletins de vote aient été imprimés de telle manière que des milliers d'électeurs n'ont en fait pas voté pour leur candidat favori, mais pour le faux candidat.
- Imaginez que les représentants de la caste la plus méprisée du pays, qui craignaient ouvertement pour leur vie et leur gagne-pain, se soient présentés en masse pour voter avec une unanimité presque totale contre le vainqueur auto proclamé.
- Imaginez que des centaines de membres de cette caste méprisée aient été bloqués sur le chemin des bureaux de vote par la police de l'état qui avait reçu ses ordres directement du frère du vainqueur auto proclamé.
- Imaginez que six millions d'électeurs se soient rendus aux urnes dans la province contestée et que le vainqueur auto proclamé ne "gagne" qu'avec 327 voix d'avance. C'est-à-dire un chiffre sans doute inférieur à la marge d'erreur des machines qui effectuent automatiquement le décompte des voix.
- Imaginez que le vainqueur auto proclamé et son parti politique s'opposent formellement à un contrôle et à un nouveau décompte manuel des voix dans la province contestée ou dans le district où la situation est la plus disputée.
- Imaginez que le vainqueur auto proclamé, lui-même gouverneur d'une province, ait les plus mauvaises références en matière de droits de l'homme de toutes les provinces et de tout le pays, et qu'il détienne en fait le triste record du plus grand nombre d'exécutions.
- Imaginez que l'une des plus importantes promesses électorales du vainqueur auto proclamé ait été qu'il nommerait a vie à la Haute Cour de justice du pays des personnes qui, comme lui, ne respectent en rien les droits de l'homme.
Personne parmi nous ne prendrait la peine de croire qu'une telle élection est représentative d'autre chose que de la volonté du candidat auto proclamé de prendre le pouvoir à tout prix.
Et je peux tout à fait imaginer que nous tournerions tous la page du journal avec un sentiment de dégoût et en nous disant que nous avions à nouveau été les témoins d'une péripétie plus que navrante, orchestrée par des individus anti-démocrates dans une région un peu bizarre de notre planète... |