LE RÉGIME POLITIQUE EN RUSSIE ET EN UNION SOVIÉTIQUE

DE LA FIN DU XIXème SIÈCLE AUX ANNÉES 1970

 

SUJET BAC TERTIAIRE – ACADÉMIE DE PARIS – SESSION JUIN 2002

 

 

DOCUMENT 1 : Pétition des habitants de Saint-Petersbourg au Tsar Nicolas II, 22 janvier 1905.

DOCUMENT 2 : Affiche pour le 17eme congrès du parti communiste de l'URSS, 1934.

DOCUMENT 3 : Le témoignage d'un opposant au régime soviétique, 1947.

DOCUMENT 4 : Le « rapport » secret de N. Khrouchtchev, 1956.

DOCUMENT 5 : L'évolution du régime soviétique de Lénine à Brejnev, 1975.

 

QUESTIONS

 

QUESTION N°1 (document 1) (3 points)

Quels sont les caractères du régime des tsars ? Que veulent les pétitionnaires ?

 

QUESTION N°2 (document 2) (3 points)

Quelle place l'affiche attribue-t-elle à chacun des acteurs (Lénine, Staline, le peuple) ?

 

QUESTION N°3 (document 3) (2 points)

Quel aspect de la politique de Staline ce document souligne-t-il ?

 

QUESTION N°4 (documents 2 et 4) (2 points)

Quel aspect du régime stalinien est dénoncé par N: Khrouchtchev ? Dans quelle mesure cet aspect apparaît-il, déjà, sur l'affiche de 1934 ?

 

QUESTION N°5 (documents 5 et 3) (2 points)

Quel point de vue Soljenitsyne exprime-t-il sur l'évolution du régime soviétique ?

 

QUESTION N°6 (synthèse) (8 points)

En vous aidant des documents, des réponses aux questions et de vos connaissances, rédigez une synthèse d'une vingtaine de lignes sur le sujet suivant : « L'évolution du régime politique en Russie et dans l'URSS de la fin du XIXème siècle aux années 1970».

 


 

Document 1 (retour)

 

PÉTITION DES HABITANTS DE SAINT-PETERSBOURG AU TSAR NICOLAS II, 22 JANVIER 1905.

 

« Sire! Nous, ouvriers de la ville de Saint-Petersbourg, nos femmes, nos enfants et nos vieux parents invalides, sommes venus vers toi, Sire, chercher la justice et la protection. Nous sommes tombés dans la misère : on nous opprime, on nous charge d'un travail écrasant, on nous insulte ; on ne reconnaît pas en nous des hommes, on nous traite comme des esclaves qui doivent supporter patiemment leur amer et triste sort et se taire !

Quiconque parmi nous ose élever sa voix pour la défense des intérêts de la classe ouvrière est jeté en prison, envoyé en exil.

Sire! cela est-il conforme aux lois divines, par la grâce desquelles tu règnes ? [...]

La Russie est trop grande, ses besoins trop variés et importants, pour que les fonctionnaires puissent la gouverner à eux tout seuls [...]

Ordonne immédiatement la convocation des représentants de la terre russe, de toutes les classes et de tous les ordres [...]

Et pour cela, ordonne que les élections à l'Assemblée Constituante se fassent sur la base du suffrage universel, secret et égal. C'est notre demande la plus importante... [...] »

 

Cité dans Dossiers d'histoire 2nd, Istra, 1981.

 

Document 2 (retour)

 

AFFICHE POUR LE 17EME CONGRES DU PARTI COMMUNISTE DE L'UNION SOVIÉTIQUE,1934.

 

 

Inscriptions :

  • dans la flèche, sous Lénine : « Tout le pouvoir aux soviets ! »

  • au niveau de Staline : « 1917 1934 Plus haut l'étendard de Lénine. Il nous apporte la victoire ! »

  • sur les banderoles du peuple, au bas de l'affiche : « Vive l'invincible parti de Lénine ! », « Vive le grand guide de la révolution prolétarienne mondiale, le camarade Staline ! »

 

Document 3 (retour)

 

TÉMOIGNAGE D'UN OPPOSANT POLITIQUE AU RÉGIME SOVIÉTIQUE.

 

L'auteur a été interné dans un camp de travail forcé (goulag) après une dénonciation. Libéré, il raconte son retour et l 'enquête qu 'il mène sur ceux qui l 'avaient dénoncé.

« De retour au village, je contrôlais sur les listes officielles de recensement les noms de mes dénonciateurs et je m'aperçus qu'ils étaient soigneusement disséminés à travers la région. L'un travaillait à la Coopérative, un autre à la fabrique de beurre; un troisième appartenait à l'administration du kolkhoze, et un quatrième était conducteur à la section des tracteurs mécaniques.

Le GPU (1) couvrait tout le territoire de ses espions afin d'avoir des yeux et des oreilles partout [...] Tout cela faisait des tonnes de dossiers, des millions d'espions, et cet inconcevable fatras était trié, étudié, enregistré, contrôlé critiquement. Lorsqu'il fallait agir d'urgence, on envoyait copie des rapports au Procureur, aux fonctionnaires du Parti chargés de la discipline et aux tribunaux secrets du GPU.

On forgeait ainsi des armes terribles qu'on utiliserait ultérieurement contre les hésitants ou les tièdes. Grâce à ce système, des dizaines de milliers de classeurs se remplissaient de fiches, dont chacune contenait un incroyable amalgame de détails intimes, d'indiscrétions, de mensonges, de flatteries et d'erreurs ».

 

K.A. KRAVCHENKO, J'ai choisi la liberté, Éditions Self, 1947.

 

(1) Le GPU : la police politique au début de l'époque stalinienne

 

Document 4 (retour)

 

LE « RAPPORT » SECRET DE N. KHROUCHTCHEV.

 

« Camarades, le culte de la personnalité a atteint de si monstrueuses proportions, surtout en raison du fait que Staline lui-même, utilisant toutes les méthodes concevables, a encouragé la glorification de sa propre personne. Cela est étayé par de nombreux faits. Un des exemples les plus caractéristiques de cette autoglorification et du manque absolu de modestie de Staline, est la publication, en 1948, de sa biographie abrégée. Staline y est flatté et glorifié à l'égal d'un dieu et considéré comme un sage infaillible « le plus grand des chefs », « le plus grand stratège de tous les temps ». [...]

Camarades ! Afin de ne pas répéter les erreurs du passé, le Comité central s'est déclaré résolument contre le culte de l'individu. Nous considérons que Staline a été encensé à l'excès. Mais, dans le passé, Staline a incontestablement rendu de grands services au Parti, à la classe ouvrière et au mouvement international ouvrier.»

Cité dans B.LAZITCH, Le rapport Khrouchtchev et son histoire, Le Seuil, 1976.

 

Document 5 (retour)

 

L'ÉVOLUTION DU RÉGIME SOVIÉTIQUE DE LÉNINE A BREJNEV, 1975.

 

En 1975, l'URSS est gouvernée par Léonid BREJNEV. Alexandre Soljénitsyne, écrivain russe dissident, a été contraint à s'installer à l'étranger. Il juge l'évolution du régime soviétique depuis l'époque de Lénine, dans un discours prononcé à New York, le 9 juillet 1975.

« C'est Khrouchtchev et son équipe qui ont imaginé [de] rejeter sur Staline toutes les fautes, tous les défauts les plus graves du communisme. Et leur entreprise a parfaitement réussi.

Mais, en fait, Lénine avait déjà, bien avant Staline, fait le principal. C'est lui qui a trompé les ouvriers avec l'autogestion (1), c'est lui qui a fait des syndicats des organes d'oppression, c'est lui qui a créé la Tchéka (2), les camps de concentration, c'est lui qui a envoyé des troupes pour écraser les nationalités et rassembler l'empire.

Staline, qui était particulièrement méfiant, n'a fait en tout et pour tout que ceci : là où il suffisait pour effrayer la population d'arrêter deux hommes, il en arrêtait cent.

Ses successeurs (3) sont revenus à l'ancienne tactique. Là où il suffit d'arrêter deux hommes, ils en arrêtent deux et non cent ».

 

In A. SOLJENITSYNE, Discours américains, coll. "Points", Le Seuil,1975 .

 

(1) Autogestion : gestion des entreprises par les travailleurs eux-mêmes.

(2) La Tchéka : Première police politique du régime soviétique, remplacée successivement par le GPU, le NKVD puis le KGB.

(3) N. KHROUCHTCHEV, puis L. BREJNEV.