Corrigé Bac pro français 2005
I - Compétences de lecture (10 points)
1- Texte (document)
Le désordre le plus total règne sur le
champ de bataille. Vous identifierez et analyserez trois procédés
d'écriture qui contribuent à créer cette impression de grande
confusion (lignes 1 a 23). (3 points)
Emploi de sujets qui désignent de
façon indéterminée, imprécise, les auteurs de l'action
-
soldats allemands désignés
implicitement par "ils" (lignes 1,4, 6).
-
pronom indéfini "on"qui renvoie
aux soldats français (ligne 6, ligne 11).
-
emploi répété du nom "homme(s)"
qui ne permet pas d'autres caractérisations, sujet de plusieurs
verbes d'action (lignes 8, 14, 15, 16, 18) ; on ne sait s'il
s'agit de soldats français ou allemands. De plus imprécision
renforcée par le déterminant "un homme ... des
hommes ... les hommes".
-
tournures impersonnelles, qui
généralisent : "Tout tire" (ligne 6), imprécision du sujet (qui
est désigné par "tout" ?) comme si l'ensemble des présents sur
le champ de bataille, pas seulement les hommes, crachait de la
mitraille ; le feu semble venir de partout (cf. "lancées de
partout" ligne 11 ; "Cela pue la poudre" ligne 17)
Construction du texte, syntaxe
-
variations sur la longueur et le
rythme des phrases : phrases brèves (ex : "Tout tire" ligne 6 ;
"Cela pue la poudre" ligne 17) ; phrases longues, souvent
segmentées, comme si elles mimaient la rapidité des actions mais
aussi l'éclatement des projectiles, juxtaposant des actions et
des réalités.
-
présence de très nombreux verbes,
principalement des verbes d'action, associés, juxtaposés, avec
un effet d'accumulation (cf par exemple lignes 8 et 9 :
"D'autres ombres passent, courent, avancent, se replient"
Réseaux lexicaux
-
l'aveuglement dû tout à la fois à
l'obscurité et à la lumière, brève et violente, brutale : "nos
mains aveugles cherchent le fusil" (ligne 2) "encore aveugles"
(ligne 16) "dans la nuit..." (ligne 6) "d'autres ombres...
des ombres" (lignes 8 et 17) "flambe" (ligne 5) "flammes" (ligne
5) "éclate" (ligne 6) "le jour semble naître d'un coup" (lignes
9 et 10) "grandes étoiles blafardes" (ligne 10) "comme a la
lueur d'un phare" (ligne 10) "ils tuent dans le noir sans rien
voir" (ligne 16) "les fusées..." (ligne 17) "d'autres fusées
rouges... " (ligne19) "on ne voit pas" (ligne 23)...
-
le bruit "le cimetière hurle...
crépite" (ligne 5) "une folie... de fracas qui brusquement
éclate" (ligne 5) "des grenades éclatent" (ligne 11) "une
mitrailleuse se met à tirer" (ligne 12) "les torpilles tombent
... c'est comme un coup de tonnerre qui rebondirait cinq fois"
(lignes 21 et 22) [nombreuses allitérations].
-
emprunts au registre du
fantastique par le lexique, la présence des éléments
caractéristiques du fantastique : décor ("chapelle ruinée" "une
dalle" "grandes étoiles blafardes"...), phénomènes étranges
("toutes les tombes se sont ouvertes, tous les morts se sont
dressés..." (ligne 15) "des ombres fantastiques sur le cimetière
ensorcelé" (lignes 17 et 18). Ce registre contribue à la perte
de repères rationnels, accroit ainsi l'impression de confusion.
[D'autres exemples sont acceptables.
D'autres procédés peuvent être relevés qui contribuent à accroitre
l'impression de confusion : réseau lexical de la violence, du bruit,
comparaisons, métaphores... ]
2- Texte
Vous expliquerez comment le narrateur
rend compte de la violence des combats en vous appuyant notamment
sur l'étude du lexique et des images (lignes 24 a 42). (3 points)
Lexique
-
le bruit : "Dans le fracas on
entend des cris, des plaintes" (ligne 25) "en tonnant" (ligne
28) "claquant d'obus" (ligne 30) "cela geint" (ligne 35) "en
râlant" (ligne 36) "en hurlant" (ligne 38) "des fracas" (ligne
38)...
-
le déchirement, l'éclatement :
"aiguillées...haies de fer.... se plantent..." (lignes 28 à 30)
"des torpilles piochent, hachant... écrasant" (ligne 34) "des
croix broyées nous criblent d'éclats sifflants" (lignes 39 et
40)...
-
la souffrance des hommes :
"Abasourdis, hébétés." (ligne 24) "des cris, des plaintes"
(ligne 25) "il y en a certainement qui sont ensevelis" (ligne
26) "écrasant les blessés" (lignes 34 et 35) "en râlant"
(ligne36)...
-
la brutalité : répétition de
l'adverbe "furieusement" (lignes 30 et 36)
Images
-
métaphores filées : "une hale
rouge de fusants" (ligne 28) reprise en "une hale de fer" (ligne
29) puis développée "se plantent devant nos lignes. .. barrant
la route" (lignes 28 à 30) ; "le cimetière semble vomir des
flammes" reprise "des tombes en vomissent ... d'autres" (ligne
32) développée "un volcan qui crève. La nuit en éruption" (ligne
41)...
-
métaphores : "mêlant leurs
aiguillées" (ligne 29) "des torpilles piochent" (ligne 34) "Les
coups ...nous cognent sur la nuque" (ligne 37)...
-
comparaison : "un grand mort ...
couché comme un homme de pierre" (lignes 26 et 27).
(D'autres images, d'autres réseaux
lexicaux peuvent être repérés : l'explosion et la dispersion, le
flux, la course et l'action... J
3- Document iconographique (Document)
Vous étudierez comment ce combat est
présenté dans les six vignettes de la bande dessinée (organisation
du récit, cadrage, complémentarité texte-image...)
Par une étude précise de la quatrième
vignette, vous montrerez ensuite par quels procédés le dessinateur
met en relief le caractère inhumain des combats. (4 points)
Les 6 vignettes
-
unité narrative des six vignettes
(soit deux planches en gauche-droite) : le combat est présenté
dans sa succession chronologique (attente - vignettes 1 et 2 -,
irruption brutale de l'ennemi - vignette 3 - affrontement
proprement dit - vignettes 4 et 5 - paysage d'après bataille
-vignette 6)
-
progression de l'action avec
gradation de la violence (inventaire des armes : gaz, grenades,
baïonnettes, gourdins, pelles, explosifs) ; sommet de la
violence atteint dans la vignette 4.
-
point de vue du côté français ;
narrateur au niveau du sol ; plan rapproche ; contre-plongée
(vignettes 1 à 4).
-
commentaire du narrateur, comme
une voix "off" (à l'exception notable de la vignette 4 - cf.
infra) : précise le point de vue (côté français) ; registre
familier ("comme des cons... leurs groins... ça s'est arrêté...
des boches") d'un narrateur-personnage, soldat parmi les autres
; oppose les deux camps ("nos canons ... nous avons" vs "ils") ;
ton distancié, ironique du narrateur ("nos bêtises...détale..."
vignette 5) qui met en avant l'absurdité du combat
(impréparation face à l'attaque - vignette 3 - erreur de
l'artillerie - vignette 4 - confusion totale - vignette 6 -
inutilité du combat "personne n'y gagna un pouce de terrain").
-
place réduite du texte : plutôt un
commentaire (le texte ne remplace pas, comme dans d'autres
bandes dessinées, une image ou n'évoque pas des événements
narratifs appartenant à une autre séquence narrative) ; le texte
apporte des information que ne donne pas l'image seule (ex
l'absence de permission -vignette 1 - les tirs mal réglés
-vignette 4), complète l'information fournie par l'image en
insistant (ex : l'attente - vignette 2) ; le texte met en relief
le point de vue adopté, contribue à la visée argumentative du
discours.
-
le combat rapporté est un résumé,
un condensé de tous les combats ; valeur exemplaire de cette
scène.
Vignette 4
-
occupe une place stratégique,
forte, en haut à droite de la double planche, comme un arrêt sur
image, un instantané.
-
correspond dans la chronologie du
combat à un sommet, un point culminant.
-
pas de commentaire du narrateur :
l'image suffit à exprimer la violence.
-
tout 1'espace graphique est occupé
: pas de décor mais neuf soldats (dix si l'on prend en compte la
silhouette tronquée en haut à gauche avec une gibecière) ; mise
en évidence des armes, corps en action, morts et vivants mêlés,
pas de visages visibles (ou bien visages déformés, mutilés,
éborgnés), pas de regards, impression de deshumanisation
(masques à gaz donnant l'impression d'avoir affaire à des
robots).
-
anonymat des combattants (seuls
les casques permettent de les identifier, pas toujours).
-
plan rapproché, contre-plongée ;
pas de lignes de force, pas de composition organisée de manière
classique ; le haut de la vignette donne l'impression qu'elle a
été tronquée (différence avec les autres vignettes) pas de
profondeur, pas d'échappatoire ; jeu sur les noirs et blancs,
les gris, inhumanité, barbarie...
II - Compétences d'écriture (10 points)
Pour étudier la guerre de 1914-1918,
vous pouvez recourir à différentes sources d'information :
témoignages, dessins, romans, photographies...
Dans un texte d'une quarantaine de
lignes, vous exprimerez votre choix pour la source d'information,
qui, selon vous, permet de comprendre le mieux ce que les soldats de
la Première Guerre mondiale ont vécu. Vous développerez au moins
deux arguments appuyés par des exemples.
Quelques critères d'évaluation
-
respect de la longueur ("une
quarantaine de lignes")
-
qualité de l'expression
(ponctuation, syntaxe, orthographe, richesse du vocabulaire)
-
graphie et présentation
-
choix explicite d'une source
d'information
-
développement d'une argumentation
: organisation et progression de l'argumentation, articulations,
présence d'au moins deux arguments, pertinence des arguments,
exemples.
-
cohérence du discours :
énonciation, temps des verbes...
-
on valorisera les productions qui
traduisent un souci d'efficacité, qui utilisent un ton
convaincant.
Accueil --- Menu |