Éléments de corrigé
1- L'évocation de "la Marseillaise", thème central de cette page, lui donne sa force et son unité.
Le lexique, remarquable par sa richesse et sa densité, peut se regrouper essentiellement autour du thème de la musique: "chants", "voix", "éclat assourdissant", "trompettes", "vibrante", "cuivre", "tambour", "baguettes", "retentit", "répétant", "échos", "notes ardentes", "chanta", "acclamant", "refrain", "plus haute". L'observation de ce réseau considérablement développé permet de remarquer une amplification du volume sonore qui va crescendo au fil de l'évocation ; on remarque en outre que certains mots sont parfois attribués à d'autres qui, d'ordinaire, ne les appellent pas : ainsi dans "la colère la plus haute" l'adjectif transforme la colère en note de musique.
Surtout, progressivement, c'est la nature qui produit le chant, semblant relayer les hommes elle commence par le "répéter" puis chante à l'unisson ("ce ne fut plus seulement la bande qui chanta") et trouve elle-même une voix ("acclamant les insurgés"). La nature reprend, amplifie, s'approprie en quelque sorte le chant des hommes. Ainsi à "la campagne endormie [qui s'éveille] en sursaut" fait écho à la fin de l'extrait "la campagne [...] criait vengeance et liberté" : par le biais du chant les choses s'animent d'une vie humaine.
A l'évocation sonore qui occupe graduellement tout l'espace textuel s'ajoute une transmutation des éléments. La réalité est transformée par la vision de l'auteur. L'ampleur donnée à ce chant des hommes qu'est "la Marseillaise" en fait un "chant du monde" où humanité et nature sont en communion. L'unité profonde entre les hommes et la nature prend le relais de la conviction des hommes. Le spectacle est total et le souffle épique qui caractérise ce passage transforme l'évocation de "la Marseillaise" en marche en avant de la liberté. Cette nuit transfigurée prend ainsi un aspect messianique.
Remarque : d'autres relevés lexicaux - la foule, la nature, les sons... - sont évidemment acceptables.
2- Divers termes et expressions figurant dans les définitions du mot "hymne" peuvent légitimement être associées au texte d'Émile Zola et au document 1.
Toutes les définitions du mot "hymne" s'appuient sur le terme "chant". Ce mot s'applique à "la Marseillaise" qui a toutes les caractéristiques d'un chant : couplet(s) et refrain, vers et rimes, musicalité due au rythme, aux sonorités, à la ponctuation. Le texte
d'Émile Zola évoque, à l'aide d'un lexique foisonnant, le chant "la Marseillaise" ; plusieurs mots renvoient explicitement au chant: "les chants", "notes ardentes", "chant national", "chanta", "refrain", "plus haute" ...
Dans la deuxième acception, l'expression "poème lyrique » peut être associée aux deux textes : "la Marseillaise" met en avant l'expression de sentiments ou d'attitudes comme la révolte, la colère, l'enthousiasme pour mieux convaincre et entraîner (impératifs à la première et deuxième personne par exemple). Dans la page
d'Émile Zola "la Marseillaise" est évoquée sur un ton lyrique qui vise à toucher le lecteur et à susciter son adhésion : jeu entre les collectifs singuliers ("bande" puis "peuple innombrable", plus élogieux) et les pluriels ("quelques milliers", "nouvelles masses") , dynamisme suggéré (verbes de mouvement: "descendaient", "roulait", "se montraient", "jetaient", "sortir" ... ) ; métaphores (la bande devient "des flots vivants", la route devient "torrent", la foule devient "tempête") ; inflation du vocabulaire : " superbe", "irrésistible", "grandiose", "ne pas s'épuiser", "de plus en plus", "tempête", "assourdissant", "géantes", "monstrueuse", "tous les coins", "tous ses échos" ... ; nombreuses allitérations en [r], en [z], en [t] ainsi qu'assonances en [i].
La définition spécifique "chant solennel en l'honneur de la patrie, de ses défenseurs" renvoie directement et explicitement au document 2 : " enfants de la Patrie", "aux armes, citoyens !". Le texte de Zola fait écho notamment à travers le lexique guerrier : "bataillons" (le même mot est présent significativement dans l'hymne), "insurgés", "petite armée". De même, l'évocation de la foule en marche peut être mise en relation avec le "Marchons, marchons" du refrain. La fiction romanesque apparaît ainsi comme la mise en scène lyrique et épique de l'hymne national, invocation à la "vengeance" et à la "liberté". En d'autres termes, et de manière saisissante, la foule "fait" ce que le texte "dit" ; dans cette marche insurrectionnelle, paroles et actes coïncident.
Remarque : d'autres mots ou expressions peuvent être retenus ("gloire", "joie", "enthousiasme", "solennelle" ... la mise en relation et la justification argumentée sur les citations des textes sont essentielles.
Compétences d'écriture
Quelques critères d'évaluation :
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