Première lecture des documents

 

Elle permet de repérer les thèses en présence, l'enjeu global du dossier, et de caractériser le type de documents auquel nous avons affaire.

  • Barthes : Mythologies (1954 = 45 ans) Un article d'un recueil d'études d'éléments de la vie quotidienne dont l'auteur note qu'ils sont élevés au rang de mythes. Ici, il s'intéresse au bifteck.

  • Bourdieu : La Distinction (1979 = 17 ans) L'auteur, sociologue, suit, dans chaque acte de la vie sociale, les traces de l'appartenance à une classe sociale. Ici, les relations entre la nourriture, ses relations au corps et à l'appartenance à une classe.

  • Trémolière : Encyclopédie Pléiade (1969 = 27 ans) Approche anthropologique, élargie à la nutrition humaine, en ce qu'elle diffère de celle des mammifères comparables à l'homme.

  • Bulletin du ministère de l'agriculture (1985) Anonyme. Étude à caractère sociologique. Le ministère cherche à comprendre les comportements alimentaires, pour orienter l'agriculture et les industries agroalimentaires.

  • Publicité Findus, pour des produits allégés. Sans date, mais probablement encore utilisée.

Pour trouver un axe et donc un plan, nécessité de faire l'inventaire précis des idées contenues dans chaque document. Pour ce faire : une feuille recto par document afin de faciliter la confrontation.

 

1- Barthes

 

I. Parallèle bifteck-vin : mythologie du sang, symbole de force. Le sang y est visible, à la fois liquide et sécable : c'est la nourriture idéale (comparaison avec l'ambroisie, nourriture des dieux de l'Olympe), une force qui pénètre le corps.

La cuisson est exprimée en degré de sanguinité.

Manger saignant : à la fois une nature et une morale.

                        - le sanguin s'y identifie

                        - le nerveux et le lymphatique cherchent à compenser leur naturel

                        - les intellectuels (comme avec le vin) y compensent la supposée sécheresse de la pensée.

Goût pour le «tartare» = viande crue + œuf = le fœtus !

 

II. Le bifteck comme le vin est socialisé et nationalisé.

Social : + ou - économique : lié à la classe du consommateur.

National : c'est un bien français. Rêve du touriste éloigné de France. Il est même patriotique.

 

Il participe donc à l'identité, individuelle, intime, mais aussi sociale et nationale. Tout contribue à l'élever au rang de symbole et de mythe (sacré).

 

II - Bourdieu

Relation entre goûts alimentaires et idées sur le corps et sur les effets de la nourriture sur lui. Tout cela est lié à l'appartenance sociale.

                        - classes populaires : la force l'emporte sur la forme = produits bon marché et nourrissants.

                        - professions libérales : saveur avant tout, bon pour la santé, la ligne, ne pas grossir (la forme).

Ainsi, on passe de culture à nature : le goût fait le corps de classe. Le corps objective le goût de classe.

 

Les dimensions du corps et ses formes manifestent des rapports au corps.

= les préférences alimentaires sont corrélées étroitement à l'appartenance à une classe sociale.

 

Relation étroite entre appartenance sociale, vision du corps et goûts alimentaires. Les goûts alimentaires sont des goûts de classe.

Ils occupent donc une place intéressante dans l'étude des comportements de classe sociale. Autre approche que Barthes.

 

III - Trémolière

 

Titre de son article : nutrition humaine = anthropologie.

 

1. Proximité nutrition homme/mammifères (rat et porc) : mêmes nutriments, génome comparable en ce qui concerne la nutrition.

2. Mais homme :

- longtemps immature : dépend des autres = contraint à socialisation pour survivre.

- pas spécialisé = omnivore.

- besoins inconscients. A table pour d'autres raisons que besoins.

= sa consommation (horaires et nature aliments) est guidée par impératifs psychosensoriels et symboliques.

 

Notre rapport à la nourriture nous renvoie à notre spécificité d'êtres humains.

 

Élargit la perspective à l'ensemble de l'espèce. C'est dans notre nature propre d'accorder à la nourriture l'importance que nous lui accordons.

 

IV - Bulletin ministère de l'agriculture

 

- Comment apprend-on les goûts de notre classe / nourriture ?

- Pourquoi n'avons-nous pas tous les mêmes goûts au sein d'une classe ?

Les réponses sont biologiques, psychologiques et sociales.

 

Il y a des goûts «universels»

Pas de différences selon la classe : petite enfance.

Différenciation à 2/3 ans : registre familier, puis socialisation : ses pairs autant que ses parents.

Différences selon les classes :

            . Bourgeoisie traditionnelle : calories chères

            . Nouvelle bourgeoisie : équilibre + gain de temps

            . populaire : nourrissants + énergie + pas cher.

 

Cependant évolue :

- la forme du travail change et change les habitudes alimentaires : moins d'importance à la force physique, mais goût pour temps libre = prêts pour le «fast-food».

- importance du «look» = diététique.

 

Le goût reste socialement déterminé, mais n'écarte pas goûts individuels.

 

Là encore, accent mis sur le goût surdéterminé par appartenance sociale, pairs + parents, goûts de classe, organisation du travail, mais aussi par pression sociale et mode.

 

V - Publicité Findus

 

1. «Visuel» pauvre : un produit, un texte en italique (plus familier) et un gros titre avec une marque affective (!).

 

2. Texte :

titre : paradoxe Dévorez/léger. Habituellement impossible : le léger = régime = privation de plaisir.

repris par gourmands/léger- forme, puis par ce qu'on aime/ mais léger, puis par plaisir gourmand/ami de la forme et dévorez/léger.

un leitmotiv = léger.

 

3. Interprétation : traduit deux obsessions nouvelles : on veut rester gourmands (valeurs de la bourgeoisie traditionnelle = produits chers, temps libre, corps lourds, jouissance) mais on s'intéresse à la forme (signe social de la nouvelle bourgeoisie, notion d'efficacité, privations volontaires).

S'y ajoute la notion de temps : c'est tout prêt.

 

Note un phénomène social : le goût petit-bourgeois s'impose.

 

Premier bilan

 

Ce qui se dégage, c'est que l'acte apparemment anodin de manger, et l'idée reçue selon laquelle chacun mange selon ses goûts posent des problèmes bien plus intéressant qu'il n'y paraissait d'abord.

 

C'est un acte symbolique, mais aussi un acte social. C'est aussi quelque chose qui est sensible à la pression sociale, à celle de la mode et à l'évolution des formes du travail.

 

Nous pouvons en faire un plan. L'ordre le plus logique est d'ailleurs celui-ci : avec le symbolique, nous en restons au plan des représentations, tandis que se dégagent des tendances «dures» (sociologiques), qui sont sensibles à des évolutions.

 

On peut alors parvenir à un plan détaillé, où l'on doit s'efforcer de confronter dans chaque partie tous les documents, et de classer les idées en sous-parties afin d'éviter le fouillis…

 

Intro. générale :

 

- présentation des documents et caractérisation très rapide de chacun

- acte anodin ? chacun a ses goûts ? Non : annonce du plan.

 

I- Se nourrir : un acte symbolique

 

- mythe (1, 3)

- symbole national (1)

- symbole appartenance à un groupe (1,2,3,4,5)

- c'est même une «morale» (1)

 

CP-TR : reste au niveau des représentations ? Non, plus profond : surdéterminé par classes sociales d'appartenance.

 

II- C'est aussi un acte social, marqué par l'appartenance à une classe

 

- d'emblée, acte humain (3) être socialisé d'emblée (anthropologie)

- rapport coût/apport (1,2,4) : rapports de classe.

- image du corps = image sociale (1,2,4,5)

- processus social d'acquisition (4)

 

CP-TR : Cependant (4) le rapport n'est pas figé : il est soumis à des variations et à des composantes individuelles.

 

III- C'est un acte qui évolue au gré des pressions sociales et des modes, mais aussi des tendances personnelles.

 

- force économique (USA) change les habitudes (1, 4)

- forme du travail change les habitudes (4) = fast-food

- modes : importance du «look» (2,4,5)

- évolution des classes elles-mêmes ((2,4,5)

 

Conclusion générale : Ce n'est pas un phénomène anodin ni strictement naturel. En fait un phénomène socialement et historiquement déterminé.

 

Conclusion personnelle : quelques axes possibles (une vingtaine de lignes au maximum)

 

- Tendance à l'écrasement (McDonald !) : ubiquité mondiale. Il en découle un relatif écrasement social des différences dans ce domaine (tous les jeunes mangent la même chose)

- Rapports nourriture/forme/appartenance sociale : une des plus flagrantes inégalités qui soient.

- Choisir un autre domaine où ce qui paraît anodin est en fait marqué par une forte influence sociale ou symbolique (médecine et accès aux soins, choix de l'automobile, égalité supposée face aux études et aux choix de carrières, etc.)

 

Reste à rédiger (directement au propre)

 

En suivant scrupuleusement le plan détaillé, en faisant sans cesse référence (de manière variée) aux documents. (rien ne vient de vous, si ce n'est la deuxième conclusion), et en faisant nettement apparaître le cheminement, le plan, par des passages à la ligne à la fin de chaque sous-partie, au moment des conclusions partielles-transitions, et en passant trois lignes entre chaque partie.