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Discours de M. Jacques Santer, Président de la Commission européenne, à l'occasion de l'introduction de l'euro - Bourse de Bruxelles, le 4 janvier 1999

 

Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Excellences, Mesdames et Messieurs,

 

Je suis heureux d'être avec vous et de pouvoir assister à la naissance de l'euro, qui jusqu'à présent n'était qu'un projet. Aujourd'hui, ici et pour la première fois, nous avons pu le voir et l'utiliser. Vous comprendrez aisément que c'est avec une certaine émotion que je vois se concrétiser un projet autour duquel tant de nos efforts ont convergé. […]

 

En effet, l'expérience nous a prouvé que la poursuite des objectifs de l'Union était souvent liée à la maîtrise du cadre monétaire.

  • Nous l'avons vérifié avec le système monétaire européen, qui sur la longue durée a prouvé son efficacité pour le marché unique ;

  • nous l'avons mesuré avec la remarquable stabilité et la convergence des taux de change entre les monnaies participantes à laquelle a conduit ces derniers mois la perspective de réalisation de l'euro

  • aujourd'hui, le remplacement des monnaies nationales par l'euro va encore améliorer durablement notre environnement économique

Cet engagement profond des États membres et des institutions communautaires, leur volonté politique inébranlable d'aboutir à une Union économique et monétaire, reposent aussi sur le constat selon lequel la croissance de nos économies ne peut s'obtenir qu'à partir d'un cadre macro-économique stable.

 

Aujourd'hui, l'Union peut se réjouir de déficits faibles et d'une inflation maîtrisée dans le cadre du processus de convergence. Ainsi, l'Europe retrouve des taux d'intérêt historiquement bas, un chemin de croissance plus soutenu et enfin une augmentation de l'emploi avec 5 millions de personnes dans les 15 États membres entre 1996 et 2000, permettant au taux de chômage de baisser de 11% vers 9%. [...]

 

Les événements auxquels nous avons assisté aujourd'hui et le basculement sans à-coup des bourses des États membres participants à l'euro démontrent les vertus d'un dialogue constructif, d'un travail préparé depuis longtemps en bonne intelligence, avec rigueur et anticipation. Toutes mes félicitations vont vers vous, qui avez su adapter des comportements séculaires à la réalité nouvelle de l'euro.

 

Vous nous offrez ainsi la possibilité d'apprécier une contribution très significative de l'euro à la réalisation ultime du marché unique. Car n'oublions pas l'essentiel : certes, le succès de cette journée est, pour vous comme pour la Commission, le couronnement d'efforts de plusieurs années. Mais nous savons bien aussi qu'aujourd'hui, tout ne fait que commencer. Je pense plus particulièrement à la constitution de véritables marchés boursiers pan-européens et partant d'un véritable marché financier unique de tous les points de vue: banques, assurances, bourses, fonds de pension.

 

Je salue vivement tous les mouvements récents qui vont dans cette direction, aussi bien sur le plan des marchés primaires que pour les nouveaux marchés des valeurs de croissance, véritables moteurs de création d'emplois.

 

Car, si nous avons ensemble construit l'UEM, il nous appartient maintenant de la faire fonctionner au plus grand bénéfice de tous les Européens.

 

Ils en retireront des avantages significatifs grâce au parachèvement du marché unique des capitaux, des biens, des services et des personnes que l'UEM permet de stimuler. Ils bénéficieront aussi d'un cadre macro-économique plus stable et d'économies mieux gérées.

 

Effectivement, ce que les marchés redoutent avant tout, ce sont les incertitudes. Nous savons tous que la mise en place de l'Union économique et monétaire contribue à les réduire considérablement et c'est la raison pour laquelle chacun comprend qu'elle est bonne pour l'économie européenne, la croissance et donc l'emploi.

 

Qui plus est, autour de nous le reste du monde a déjà pris conscience de cet événement et l'euro, dès sa naissance, apparaît pour nos partenaires internationaux comme un nouvel acteur incontournable et une nouvelle chance pour la stabilisation du système monétaire international. Vous savez que de nombreuses banques centrales ont annoncé qu'elles donneraient rapidement une place importante à l'euro dans leurs réserves de change - notamment en Asie du Sud-est.

 

L'intérêt que porte le reste du monde à notre projet commun est une démonstration éloquente, si les citoyens européens devaient encore en être convaincus, qu'avec l'Union économique et monétaire, l'Europe s'est dotée des moyens qui lui permettent de mieux orienter son avenir. Cette journée est historique. Félicitons-nous en sans trop de modestie, une fois n'est pas coutume. Avec l'euro, l'Europe sera mieux à même de contrôler son destin.