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Euro : rien n’est joué

Il faut un référendum

 

L’Assemblée nationale débat de l’euro le 21 avril, à la suite de la désignation des onze pays qualifiés pour participer au lancement de la monnaie unique le 1er janvier 1999.

 

Ce que certains présentent comme un scénario écrit d’avance et un chemin parsemé de roses ne va pas de soi. De nombreuses voix s’élèvent un peu partout en Europe pour s’inquiéter des conséquences concrètes de l’euro sur la politique économique et sociale.

 

Comme on le sait, le Parti communiste y est opposé et ses députés – ainsi le veut l’honnêteté envers les citoyens – vont le redire par leur vote. En tout état de cause, ce débat au Parlement ne suffit pas. Il y a besoin qu’un débat national soit organisé avec tous les citoyens. A la suite, une consultation par référendum est nécessaire pour que la décision du passage ou non de la France à l’euro soit prise par les Françaises et les Français, en toute connaissance de cause.

 

C’est en Allemagne où le débat est le plus vif. Les Allemands sont majoritairement opposés (56%) au remplacement du mark par l’euro (+7% par rapport à 1997). Ils craignent l’instabilité de l’euro, l’inflation et des conséquences néfastes pour les consommateurs et les salariés. En revanche, 70% estiment que les banques en bénéficieront…

 

L’euro aura des conséquences 

 

Parmi d’autres, Gerhardt Schröder, le candidat social-démocrate au poste de chancelier en septembre prochain, déclare que “ la concurrence se développera sur le thème : qui est prêt à travailler au salaire le plus bas, et avec les prestations sociales les plus mauvaises ? Les citoyens doivent le savoir : l’euro ne créera pas de paysage florissant. Il sera d’abord coûteux en terme de suppressions d’emplois ”.

 

Même écho venant de quatre personnalités qui ont introduit contre la monnaie unique une plainte devant le tribunal institutionnel allemand. Elles mettent en garde contre la future Banque centrale européenne, “ Bundesbank à la puissance deux ” qui ne fera “ qu’aggraver la situation de l’emploi ”.

 

Alors, un report de l’euro pour éviter qu’elle ne devienne “ un ferment d’implosion pour l’Europe elle-même ? ”

 

Les promoteurs de l’euro ne sont pas assurés de leur coup, surtout des réactions éventuelles des peuples concernés. A preuve, le patron de la Bundesbank, Hans Tietmeyer, chaud partisan de la monnaie unique. Il veut augmenter la pression visant à faire accepter aux populations des sacrifices plus grands, mais il se ménage des portes de sortie en alertant des risques et des incertitudes quant à la capacité des pays européens à fournir les “ substantiels efforts ” demandés, si leurs peuples s’y refusent.

 

Les mouvements actuels “ type automne 1995 ” en Allemagne et le mouvement social et citoyen qui accroît sa vigilance et sa mobilisation en France nourrissent les inquiétudes des puissants et donnent espoir à ceux qui ont tout intérêt à la réussite des changements amorcés depuis neuf mois en France.

 

Décidément, pour l’euro, qui reste “ au bout du compte une décision politique ”, rien n’est joué. Aux citoyens de se faire entendre. Les communistes sont décidés à y contribuer.

L’humanité, Semaine du 6 au 12 avril 1998