TEXTE 5

La monnaie, attribut de la souveraineté

 

Conformément au Traité de Maastricht, la France ne disposerait plus en droit de sa propre unité monétaire. Le Franc aurait été fondu dans l'Euro. Est-ce réellement le cas ?

 

1/ Mais qu'est ce que l'Euro ?

 

A/ Aujourd'hui, l'Euro est une monnaie de compte internationale

 

En effet, bien que - depuis le 1er janvier 1999, au terme d'une déclaration d'irrévocabilité de la parité du Franc vis à vis d'une monnaie panier : l'Euro - le Franc serait devenu une subdivision décimale de l'Euro.

 

Cela dit, plus d'un an après son lancement, seules 0,01% des transactions bénéficient de l'option Euro, ce qui signifie que les consommateurs plébiscitent encore le Franc à 99,09%.

 

Ce qui signifie en dernière analyse, qu'aujourd'hui l'Euro, notre soi-disant monnaie européenne, n'existe pas en fait. Elle est, pour l'instant, cantonnée au rôle de monnaie de compte comme le sont, au plan international, les droits de tirages spéciaux (DTS) gérés par le Fonds Monétaire International (FMI).

 

B/ En revanche, demain l'Euro sera la monnaie unique de onze pays de l'Union européenne, dont la France, mais pas la Grande-Bretagne « safety first » .

 

En effet, cette co-existence du Franc et de l'Euro - de l'option paiement en Franc ou en Euro - dont on doit en principe cesser au plus tard le 30 juin 2002, lorsque les prétendues subdivisions nationales de l'Euro - dont le Franc - seront totalement retirées de la circulation, alors que les pièces et les billets en Euro auront été effectivement émis six mois plus tôt.

 

Sans compter que l'on aurait, à partir de cette date, une unité monétaire unique émise par une Banque centrale sise à Francfort, mais sans être adossée à un Etat. Autrement dit, une monnaie sans Etat. Face au pouvoir monétaire technocratique, où se trouve le contre pouvoir politique démocratique ? A priori, nulle part.

 

Si ce n'est que subrepticement - à pas masqués - apparaîtrait un Etat fédéral européen que les « européistes » appellent depuis toujours de leurs vœux. Mais, dans cette hypothèse : que l'on jette les masques !

 

2/ Aussi, quelle doit être notre doctrine face à cette mutation - face à cet abandon - de notre unité monétaire ?

 

A/ Tout d'abord la nécessité de l'Europe ne peut être qu'un phénomène minoritaire.

 

En effet, seulement 15% des ménages et 5% des entreprises ont des relations économiques internationales.

 

Par différence, 85% des ménages et 95% des entreprises ne sont pas concernés par l'adoption de cette monnaie unique pour leurs besoins monétaires exclusivement domestiques.

 

A une majorité d'agents économiques de supporter cette mutation monétaire - traumatisante à plus d'un titre - au bénéfice d'une minorité. C'est la démocratie à l'envers.

 

B/ Ensuite, une fois que le Franc serait rentré dans la légende - nous perdrions l'un des instruments fondamentaux de notre souveraineté.

 

En effet, c'est au travers de son territoire, de sa population et de sa monnaie, qu'un Etat se construit, existe et se développe.

 

C'est par le biais de l'unité monétaire que la solidarité nationale s'exerce, par les mécanismes de transferts budgétaires et sociaux. A une monnaie doit correspondre un budget. Le budget de l'Europe - limité à 1,14% des produits nationaux cumulés - ne saurait par là financer les solidarités nationales.

 

C/ D'où notre volonté de pérenniser la coexistence actuelle des monnaies nationales - dont le Franc et l'Euro.

 

Celui ci peut tout à fait jouer ce rôle de monnaie commune pour les agents économiques des onze nations de la zone dans leurs relations financières vis-à-vis de l'extérieur, qu'elles soient intra ou extra communautaires. Les monnaies nationales continueraient de jouer ainsi le rôle qui est le leur pour les besoins domestiques des particuliers et des entreprises.

 

D'où notre combat pour soumettre l'adoption de la monnaie unique - et par là l'abandon du Franc - à un référendum, ainsi que l'avait fort opportunément évoqué le candidat Jacques Chirac, et permettre ainsi à la Nation de conserver l'un des attributs fondamentaux de sa souveraineté : sa monnaie. En l'espèce, pour ce qui nous concerne, le Franc.

 

Il ne s'agit pas d'une hypothèse d'école car si d'aventure les gnomes de Francfort, animés d'un déterminisme unique, décidaient de sacrifier la croissance et l'emploi sur l'autel du dogme monétaire, la France pourrait les en dissuader en menaçant de ne pas les suivre dans une voie contraire à ses intérêts vitaux et de se retirer du jeu monétaire européen.

 

En définitive, notre position - en tant qu' « euro-réalistes » - peut se résumer à la formule suivante :

  • oui au Franc - monnaie nationale

  • oui à l'Euro - monnaie commune

  • non à l'Euro - monnaie unique

Fiche argumentative du Rassemblement pour la France (source internet : http://www.rpfie.org/programme.html, 1999)