I - Compétences de lecture (12 points)

 

1- A première vue, en effet, cette photographie est banale. Banalité du sujet : un père et sa fille un jour de vacances ; banalité du décor : la plage, le soleil, le ciel, le bateau ... ; banalité de la prise de vue : les deux personnages soigneusement cadrés, le père regarde sa fille qui regarde l'objectif. Il s'agit d'une photographie de vacances comme toutes les familles en possèdent dans leurs albums.

Cependant, à la lumière du texte 1, le lecteur est amené à porter un regard différent sur ce cliché. Grâce au texte, la photographie est mise en situation, contextualisée. Anny Duperey se penche sur son passé, évoque ses parents disparus : en commentant la photographie prise par sa mère et qui la montre aux côtés de son père, elle se livre à une reconstruction du souvenir, un souvenir à la fois lointain et douloureux. La photographie prend nécessairement un sens différent.

Ainsi, les vêtements - ordinaires - prennent beaucoup d'importance ; ils sont chargés de souvenirs précis : « les maillots tricotés main qui grattent lorsqu'ils sont mouillés ». Le texte attire l'attention sur les gestes qu'il interprète (« la main de mon père sur ma jambe », « ma petite main à moi abandonnée sur son cou »). Il extrapole en leur associant des sentiments : attention, complicité, tendresse, affection ... Anny Duperey reconstruit des moments de vie à partir de la photographie.

La lecture du texte invite donc le lecteur à regarder autrement la photographie ; de banale, celle-ci devient singulière, unique, chargée de souvenirs. Ce simple cliché prend dès lors la dimension d'un instant d'éternité revécu avec le temps dans un sentiment de nostalgie douloureuse. L'émotion ressentie par l'auteur est si perceptible et si profonde que le lecteur ne peut qu'en être ému lui-même.

 

Détail de la notation :

  • Banalité du sujet 0.5 pt, du décor 0.5 pt, de la prise de vue 0.5 pt.

  • Mise en évidence du souvenir 1 pt, de la douleur 1 pt.

  • Citations vêtements 0.5 pt, tendresse 0.5 pt, émotion 0.5 pt (ou lien lecteur / auteur)

2-

  • emploi d'un adverbe ou d'une locution adverbiale : sans doute. peut-être, probablement, vraisemblablement, etc. Ex : « :.. il m'a probablement fait descendre... » . (La mise en relief possible de l'adverbe avec une interrogation renforce l'expression de l'imprécision et de l'incertitude : "Peut-être ai je vécu cela ...")

  • emploi d'un verbe exprimant le doute, l'incertitude, (imprécision : je pense que, je crois que, je suppose que, il me semble que, etc. Ex : « ... je pense qu'il a resserré son étreinte... ».

La répétition de la tournure verbale avoir dû + infinitif est significative. Elle souligne l'imprécision, l'incertitude, le doute : rien de ce qui est dit n'est sûr ni avéré. Elle révèle en outre le travail de recherche dans les souvenirs, de remémoration difficile et douloureuse. La répétition nous éclaire d'autre part sur l'effet produit par la photographie, sur le besoin impérieux d'imaginer des instants heureux avec ses parents, de retrouver - ou de se créer -une histoire personnelle. Le lecteur est ainsi étroitement associé à la reconstruction d'un passé, d'instants de vie enfouis sinon disparus, ravivés par la confrontation avec la photographie.

 

Détail de la notation :

 

  • 1 pt par synonyme (quel qu'il soit !!!)

  • 1 pt pour expression de l'incertitude et 1 pt pour recherche du souvenir heureux

3- Lire une autobiographie, c'est l'occasion pour le lecteur de réfléchir sur lui-même et sur sa propre identité par la comparaison entre soi et l'autre. C'est ce qu'a exprimé une jeune étudiante dans sa lettre à Anny Duperey.

La lectrice explique en effet à sa destinataire que le livre l'a amenée à réfléchir sur son propre rapport à ses parents. Elle a comparé la souffrance de l'actrice qui, même adulte, ressent toujours douloureusement l'absence de ses parents, à sa propre attitude « d'enfant gâtée » en arrivant à rejeter ou, pire, à « haïr » ses parents.

Le livre pour elle a été l'occasion de faire le point, de s'interroger, de se remettre en question ; elle évoque, en termes forts, uns « petite bombe », une « vraie gifle ». La lectrice comprend brutalement que son manque d'amour à l'égard de ses parents la faisait passer à côté de l'essentiel : il faut profiter de la présence d'un père ou d'une mère avant qu'il ne soit trop tard et qu'on ne soit , toute sa vie, poursuivi par le remords de n'avoir pas su ou voulu les aimer.

Plus généralement, retrouver dans un écrit autobiographique l'évocation de situations similaires à celles que l'on a pu vivre, la description de comportements qu'on a pu avoir, l'analyse de sensations qu'on a pu éprouver, aide à mieux comprendre ce qu'on a vécu et à mieux se connaître. C'est dans ce sens qu'un texte autobiographique, peut-être plus qu'un récit de fiction, peut aider le lecteur dans la construction de sa propre vie.

 

Détail de la notation :

  • Évocation de situations similaires 1 pt

  • Réfléchir sur soi 0.5 pt

  • Se remettre en question 0.5 pt

  • Réfléchir sur sa relation aux parents 1 pt

II - Compétentes d'écriture (8 points)

 

critères d'évaluation

  • respect de la longueur («une quarantaine de lignes ») 0.5

  • qualité de l'expression (syntaxe, orthographe, richesse du vocabulaire) 1.5

  • graphie et présentation 0.5

  • exposé en deux temps des deux points de vue (« successivement ») 2 X 0.5

  • pour chacun des points de vue, développement d'une argumentation structurée (arguments pertinents, exemples, articulations, cohérence du discours - en particulier de l'énonciation) 2 X 2

  • l'énonciateur rend compte du débat sans donner son propre point de vue 0.5

 

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