C ) La part de nouveauté ?

 

L'encart du B.O. du 25 juin 2000 introduit le PPCP pour l'année scolaire 2000-2001. La démarche se veut innovante, pourtant les notions d'interdisciplinarité, de multidisciplinarité, de transversalité, de décloisonnement et de projet d'équipe ne sont guère des nouveautés à l'intérieur de la réflexion pédagogique des enseignants. Quelles sont donc les parts de continuité et de nouveauté au sein du PPCP ?

 

La continuité tient essentiellement à la reprise des notions précédemment citées et posées en principes incontournables. Sans doute le projet trouve-t-il sa pertinence dans le sentiment de fracture plus important, à l'intérieur de l'enseignement professionnel, entre les matières générales et les matières professionnelles pour des élèves qui, suite à un parcours scolaire varié mais souvent difficile, n'ont pas toujours pleinement conscience de l'unité de leur formation et tendraient à négliger tel ou tel type d'enseignement. Décloisonner autant que possible les enseignements devrait leur permettre de saisir la valeur socialisante et professionnalisante de toutes les disciplines. Conformément aux directives de la loi d'orientation de juillet 1989 qui souligne le droit à une formation et à une culture générale pour tous, il conviendra d'insister particulièrement sur la place de l'enseignement général à l'intérieur de la formation globale.

 

Ainsi, contrairement à une idée reçue, le PPCP n'est pas une nouveauté surgie ex nihilo pour déstabiliser le type d'enseignement déjà en place, mais une consolidation de la loi d'orientation de 1989 et de pratiques pédagogiques déjà existantes, ainsi qu'une tentative de réponse à la fracture pouvant parfois être ressentie entre les matières générale et professionnelle à l'intérieur du lycée professionnel. Cette consolidation et cette réponse sont-elles efficaces ? La démarche adoptée est-elle la bonne ? Seule l'expérimentation répondra à ces questions, même si l'on sait d'emblée qu'il fut assez maladroit de lancer le projet dès l'année scolaire 2000-2001 auprès d'enseignants souvent démunis et demandeurs d'explications ou de formations concrètes ; toutefois le projet a-t-il le mérite de pointer du doigt les problèmes et d'offrir une alternative.

 

La nouveauté essentielle tient à la formalisation du projet : tandis que le travail en équipe et multidisciplinaire pouvait jusque-là apparaître comme l'apanage des équipes les plus motivées et les plus soudées, il devient désormais un objectif commun et obligatoire pour tous, et doit également offrir une trace du projet, celui-ci étant structuré (cahier des charges...) et faisant l'objet d'évaluations restant à préciser.

 

L'évaluation et le caractère obligatoire du projet rappellent aux élèves que la démarche s'inscrit dans le cadre de leur formation et qu'elle offre une simulation ou anticipation du monde professionnel. Ces deux caractéristiques s'avèrent même fondamentales à l'intérieur de notre projet de journal. En effet, j'avais envisagé l'idée en cours d'année de stage de créer un journal des lycéens à Jean Lurçat. D'emblée un certain nombre de difficultés m'était apparu : comment motiver des élèves qui pour un bon nombre se sentent en échec dans la pratique du français, notamment à l'écrit ? Comment intégrer une activité autour d'un journal à l'intérieur d'un emploi du temps que la plupart des élèves jugent trop lourd, sans compter le travail à la maison ?  Ne risquais-je pas de me retrouver avec seulement deux à quatre élèves très motivés, sans doute, mais dont la motivation s'émousserait rapidement vu la charge de travail nécessaire et face à l'apparente indifférence de leurs camarades ? Par conséquent, au lieu d'être l'animateur, le catalyseur d'un groupe de travail, n'allais-je pas devoir assumer personnellement l'essentiel des tâches (j'ai l'expérience d'un journal universitaire où les événements avaient pris cette tournure), ce qui ne serait ni mon rôle, ni mon objectif ?

 

Dans une situation analogue, les élèves - et peut-être même hélas ! le professeur - finissent par se démobiliser et le projet avorte. Aussi le choix du journal pour le PPCP ne pouvait-il que me réjouir : sollicité par Mme Maneux (qui est à la fois ma conseillère pédagogique et l'un des professeurs pilotes de notre PPCP) pour un sujet à proposer au reste de l'équipe, j'avais lancé cette idée de journal, non sans une certaine circonspection sur la suite qui lui serait réservée. Et pourtant !... Dans l'optique du projet de journal que j'avais espéré initialement, le PPCP venait offrir une impulsion inespérée à laquelle toute l'institution donnait sa caution. Les atouts permettant de constituer une équipe solide, formée d'élèves et de professeurs, avec des objectifs structurés et évalués, étaient réunis. Seule la mise en oeuvre - et ce n'est pas la moindre des choses ! - allait être la source d'innombrables interrogations.

 

Enfin, conformément à l'esprit du PPCP dans l'une de ses caractéristiques majeures, l'équilibre entre les enseignements général et professionnel est maintenu à l'intérieur du journal. Peut-être même le français occupe-t-il une place légèrement prépondérante, mais une fois n'est pas coutume !

 

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