Apparu au cours de l'été 2000 et programmé dès l'année 2000-2001, le PPCP, s'il laisse parfois sceptique ou indifférent, n'a pas manqué néanmoins de poser certaines difficultés, dans sa mise en oeuvre, à des enseignants souvent émérites, mais quelque peu livrés à eux-mêmes et conduits à tâtonner dans leur recherche. Que dire alors d'un stagiaire ?

 

Ma situation - et celle du reste de l'équipe pédagogique - ressemblait à celle du jeune enfant qui, voulant apprendre à nager, se voit jeter dans une piscine ! La méthode semble pour le moins archaïque. Heureusement, si je puis filer l'image, j'avais pied dans cette piscine et l'on avait pris soin de me faire enfiler une ceinture de baignade. Ceci pour dire que le PPCP, comme je l'ai  montré dans la première partie de cette étude, s'il possède des nouveautés, offre toutefois de nombreux repères familiers au professeur. On a donc bien "pied" dans le projet et la ceinture, en l'occasion, viendrait des I.E.N. chargés d'encadrer le projet (quoique probablement débordés ! ) et des académies ou établissements pilotes qui livraient leurs expériences et leurs réflexions sur leur site internet. L'information venait donc vers moi, mais encore fallait-il que j'aille aussi vers elle : une fois la ceinture bien attachée, il fallait enfin être sûr d'avoir envie d'apprendre à nager car la mise en oeuvre allait s'avérer difficile, mais qui n'a jamais bu la tasse après s'être jeté à l'eau pour la première fois ? Alors, sans mauvais esprit, à l'eau...

 

A ) Définir un projet commun

 

1 ) Un projet qui mobilise tous les acteurs des enseignements général et professionnel

 

Au moment de définir le projet, nous devons nous rappeler les trois caractéristiques majeures qui définissent le PPCP : un projet structuré et planifié qui lie les disciplines générale et professionnelle pour faire prendre conscience aux élèves du caractère professionnalisant de leur formation dans sa globalité.

 

Ce sont surtout les deux dernières caractéristiques de la définition qui nous ont d'abord préoccupé : en effet, la planification viendrait après avoir choisi un sujet qui à la fois accordât une importance à peu près égale aux enseignements général et professionnel, et constituât une situation professionnelle possible.

 

Le choix n'était guère évident car il fallait que chaque enseignant se sentît concerné, que les référentiels mis à plat s'accordassent et que la spécificité de chaque discipline fût maintenue.

 

2 ) Le choix du journal

 

La nécessité d’un projet qui mobilise tous les acteurs, aussi bien du général que du professionnel, a conduit au choix d’un journal. J’ai raconté plus haut comment j’avais pu être à l’initiative de ce projet et comment Mme Maneux, ma conseillère pédagogique, s’en était fait le relayeur.

 

J’ignore si c’est la qualité et la pertinence du projet qui ont déterminé le choix adopté ou la perplexité dans laquelle le PPCP avait pu plonger l’ensemble d’une équipe pédagogique qui avait réfléchi, certes, aux grandes lignes du projet, mais n’avait pas encore tiré au clair les modalités de mise en œuvre possibles. Après que chaque enseignant a mis à plat son référentiel, on décide de retenir l’idée du journal pour les raisons pédagogiques et les objectifs multidisciplinaires développés dans la première partie de cette étude.

 

Reste la question du caractère professionnel du projet : en effet, le lien semble ténu entre la création d’un journal et une filière de comptabilité ; cependant, outre les compétences transversales qu’il développe (lecture et écriture), le journal soulève la question du financement et des recettes, auprès d’élèves préoccupés par des problématiques de gestion et de comptabilité. De fait, aucun journal ne saurait survivre sans une gestion comptable draconienne : l’argent, “ nerf de la guerre ”, est souvent le garant de sa liberté d’expression. Ainsi, pour réfléchir au coût d’un journal, l’enseignant de comptabilité propose aux élèves de lancer un appel d’offre auprès d’imprimeurs et de dépouiller les réponses pour déterminer le meilleur fournisseur du marché.

 

Quant au contenu du journal, il pose d’emblée un problème d’approche : faut-il demander aux élèves de choisir leurs rubriques ou faut-il les leur imposer d’office ? La circulaire du projet laisse l’équipe pédagogique libre de sa démarche : en effet, “ le choix et la réalisation du projet sont de la responsabilité de l’équipe pédagogique d’une division ”[1]. Cependant, “ les élèves peuvent formuler des propositions ”[2]. Après concertation des enseignants, il nous a paru préjudiciable de brider dès le départ l’imagination des élèves ; il était préférable de les laisser formuler leurs propres centres d’intérêt et de partir de leurs propositions[3].

 

On a retenu les rubriques suivantes :

  • Petit historique du lycée (documentaliste) ;

  • Sondage : la vie au lycée (mathématiques) ;

  • Interview de M. Pateyron, proviseur adjoint (français et communication) ;

  • Portrait de l’infirmière (français) ;

  • Récit d’un fait divers (français) ;

  • Article de fond : “ La violence à l’école ” (communication) ;

  • Sport et argent (comptabilité et E.P.S.) ;

  • Questionnaire de Proust adressé à M. Tallard, C.P.E. (français) ;

  • Compte-rendu d’une visite à une exposition du château de Versailles : “ Histoire du Parlement ” (droit) ;

  • Mots croisés (économie et droit).

Quant à la mise en forme globale du journal et son illustration, elles engagent les professeurs de secrétariat, de communication et d’arts plastiques. On constate ainsi que l’ensemble des acteurs de l’établissement sont sollicités : administration, éducateur, documentaliste, enseignants du professionnel et du général, enseignants d’EPS et d’arts plastiques, apportent leur contribution au projet, dans des proportions et avec des démarches variées.

 

Ma présentation du projet et de sa genèse pourrait laisser imaginer une mise en œuvre aisée. Pourtant les interrogations et les hésitations furent nombreuses avant le lancement du projet et tout au long de sa réalisation. Au départ surtout, nous étions quelque peu perdus, malgré l’intervention d’un I.E.N. au cours d’une séance, et nous n’avions pour repère que la circulaire citée du B.O. présentant le PPCP, hélas insuffisante sur le terrain. Un guide était nécessaire. Je l’ai trouvé sous forme de fiche de suivi sur internet, auprès du groupe ressources de l’académie de Reims.

 

1 B.O. n° 25 du 29 juin 2000, op. cit

2 Ibid.

3 Cf. la partie III – C ) de ce mémoire.

 

Retour Menu Page suivante