B ) Le besoin d’un guide : établissement d’une fiche de suivi du projet

 

La fiche proposée permet de vérifier l’adéquation du projet avec les objectifs premiers du PPCP, c’est-à-dire ses caractères multidisciplinaire et professionnel, ainsi qu’une dimension de projet. Cette fiche (cf. annexe) nous révèle un certain nombre de manques ou lacunes dans notre démarche et notre questionnement. Elle possède un caractère exhaustif, mais il appartient à chaque équipe pédagogique de bâtir sa propre fiche et de définir ses propres besoins.

 

Une fiche bilan analogue figure en annexe, mais il serait prématuré pour nous, au stade où nous en sommes, de vouloir y répondre.

 

C ) Des dangers du collage artificiel de rubriques au problème de la figuration ou de la non figuration dans le journal : la répartition des tâches

 

Dans la première partie de cette étude, j’ai montré, à partir d’une réflexion développée par l’académie pilote de Reims, comment la pluridisciplinarité pouvait générer un certain nombre d’illusions, notamment celle de l’égalité des tâches à accomplir. Du fait même de la nature de notre projet, ce dernier pouvait laisser craindre une certaine prédominance des enseignements généraux, tout particulièrement du français. Ce sentiment de l’hégémonie du français a généré soit de la gêne, soit des maladresses – du moins ce que je crois être des maladresses – dans la répartition des rôles.

 

En effet, soucieuse de s’impliquer dans le projet, mais en même temps désemparée par l’approche nouvelle du PPCP et la nature du thème choisi, une partie de l’équipe pédagogique (notamment du secteur professionnel) a fait des propositions qui venaient soit empiéter sur le domaine du français, soit se plaquer de façon artificielle à l’ensemble du projet, au risque de perdre de vue la spécificité de leur discipline ou l’esprit du PPCP.

 

Ainsi – et il n’y a aucun intérêt à nommer des enseignants avec lesquels nous avons débattu ce type de déviation et dans la mesure où le mémoire professionnel n’est pas une entreprise de délation - , l’un d’entre eux fait rédiger aux élèves leurs articles pendant ses séances, les compétences requises pour ce type de production étant du ressort de la discipline du français. Un autre enseignant propose des mots croisés, à partir de définitions portant sur les notions abordées dans sa classe. Le problème est alors le suivant : n’importe quel enseignant aurait pu proposer la même chose pour sa discipline et contribuer ainsi au cloisonnement des matières. Si cette démarche procure provisoirement le sentiment de s’être intégré au PPCP, en réalité, elle ne le fait pas avancer et invite plutôt à se réfugier dans les pratiques cloisonnées anciennes que le PPCP tente d’évincer.

 

Comme je l’expliquais au début de ma réflexion sur la pluridisciplinarité, être acteur au sein de l’équipe pluridisciplinaire ne signifie pas nécessairement voir sa discipline figurer dans le corps du journal. Ainsi, sous prétexte d’intégrer le droit, par exemple, il serait artificiel de plaquer des mots croisés portant sur des définitions de droit ; de même, greffer un problème ludique de mathématiques, sous prétexte d’impliquer le professeur de mathématique, détournerait profondément la volonté du PPCP de fédérer une équipe autour d’un objectif commun de production, à finalité professionnelle. Si nous reprenons le cas du droit, par exemple, ne serait-il pas plus pertinent de faire réfléchir sur la liberté de la presse, les droits et devoirs du journaliste, les rapports entre médias et citoyenneté, etc. , dans la mesure où le référentiel le permet ?

 

Je pense pouvoir proposer ici un critère de pertinence, préalable à toute mise en œuvre de projet, qui permettrait de vérifier la spécificité d’une discipline à l’intérieur du PPCP : le caractère interchangeable ou non. En effet, si la part de travail qui m’incombe peut être traitée par un collègue, cela signifie ou bien que j’ai perdu toute spécificité ou bien que je m’inscris dans une démarche purement transversale, finissant par restreindre l’approche multidisciplinaire. On ne reconnaîtra jamais assez la part de ceux qui travaillent dans l’ombre, à l’intérieur de la chaîne de production, mais sans qui le projet n’aboutirait pas (je le dis sans démagogie aucune, d’autant plus que c’est souvent le cas pour les enseignements généraux, même s’il n’est pas dit qu’un projet ne puisse aboutir sans eux ! ) : ainsi, sans figurer expressément dans le journal, un enseignant se propose de travailler sur les appels d’offre, afin de déterminer le meilleur fournisseur possible ; en harmonie avec son référentiel et avec les aspects multidisciplinaire et professionnalisant voulus par le PPCP, il est par conséquent un acteur majeur du projet.

 

D ) Le problème de l’évaluation

 

Le PPCP se veut une activité de formation à part entière, elle donne donc lieu à l’évaluation des acquis. Toutefois, les référentiels et les modalités d’examen ne prennent pas encore en compte, explicitement, les projets. Il conviendrait de considérer l’évaluation à deux niveaux différents :

  • l’évaluation de l’élève ;

  • l’évaluation du projet lui-même.

La circulaire sur les PPCP est annexée d’un certain nombre d’outils d’évaluation ; il convient de s’y reporter. Pour rendre définitivement crédible le PPCP aux yeux des élèves et les motiver (même si ce n’est pas l’unique moyen de motivation existant) dans sa réalisation, peut-être serait-il bon d’inscrire une rubrique supplémentaire PPCP dans le bulletin ou le livret scolaire ?

 

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